Author Topic: French reviews  (Read 103831 times)

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French reviews
« on: Jan 14, 2006, 05:08 PM »
Brokeback Mountain got very good reviews here in Quebec.

After discussing this matter with Ethan, he agreed I shall add this new topic.  I will be posting some reviews in French and will look to the new ones after the release in Europe.
« Last Edit: Feb 03, 2008, 09:42 PM by chameau »
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Re: French reviews
« Reply #1 on: Jan 14, 2006, 05:17 PM »
Here we go, this is from Montreal's La Presse.  The most influent French newspaper in Canada.

Le samedi 17 décembre 2005

 
CINÉMA

Brokeback Mountain : magistral...

Marc-André Lussier

La Presse


Les deux protagonistes de Brokeback Mountain parlent peu. Ennis Del Mar (Heath Ledger) surtout. Quand il ouvre la bouche, c'est par pure nécessité. Et ça sort un peu tout croche, en marmonnant des mots qui, souvent, trébuchent avant même d'arriver à bon port. Dans le Wyoming profond du début des années 60, un cow-boy comme Ennis n'a pas le vocabulaire pour exprimer l'inexprimable, encore moins pour mettre des mots sur l'étrange pulsion- complètement inattendue- qui le ronge de l'intérieur. C'est cette impuissance, cette histoire d'amour sans nom qui est au coeur du film magistral que le cinéaste Ang Lee vient de tirer de la courte nouvelle d'Annie Proulx.

Écrit par Diana Ossana et Larry McMurtry, un grand spécialiste de la culture " western ", le scénario s'attarde à décrire les rapports particuliers qu'entretiendront Ennis et son ami Jack Twist (Jake Gyllenhaal) pendant une vingtaine d'années. Embauchés pour surveiller pendant toute une saison un troupeau de moutons dans un endroit retiré, nommé Brokeback Mountain, les deux jeunes hommes vaquent d'abord à leurs occupations de façon indépendante. Le patron (Randy Quaid) n'avait-il d'ailleurs pas exigé que l'un fasse le guet pendant que l'autre dort?

Puis, un soir, alors que la nuit est beaucoup trop froide pour rester à l'extérieur, les deux hommes se réchauffent et se rapprochent. Leur premier rapport sexuel est d'ailleurs plus le résultat d'une empoignade que d'une tentative de séduction. Ennis et Jack conviendront d'ailleurs rapidement de faire comme si ce " moment d'égarement " n'avait jamais eu lieu. Ils reprendront leur vie " normale " dès la saison terminée. Ennis mariera une brave fille, fondera une famille, et Jack en fera de même dans son lointain Texas.

Or, et c'est là où le récit dépasse la simple dimension sexuelle, le souvenir de ce qui s'est passé à Brokeback Mountain- et les sentiments inavouables qui y sont liés- rongera les deux hommes de l'intérieur. Ils ne pourront d'ailleurs faire autrement que de se donner ponctuellement rendez-vous au fil des ans- officiellement pour un " voyage de pêche "- au seul endroit où ils se sentent en sécurité: là où a commencé leur histoire commune.

L'idée qu'ils se font de leur liaison, pour peu qu'ils en discutent, n'est pourtant pas la même. Jack, le plus extraverti, se serait bien vu diriger un ranch en compagnie de son ami. Pour Ennis, qui est hanté par une histoire atroce que lui a racontée son père à propos de deux vieux cow-boys qui vivaient ensemble, il n'est absolument pas question de faire le moindre arrangement en ce sens. Ni de laisser planer le moindre soupçon en société.

La grande réussite de Ang Lee (The Ice Storm, Tigre et Dragon) est d'avoir su révéler l'aspect dramatique de cette histoire avec sobriété, intelligence et subtilité. La charge émotionnelle du récit se nourrit progressivement du sentiment de gâchis que recèle cette histoire. Qui fait non seulement écho au caractère étouffant d'un sentiment qui ne peut s'épanouir, mais aussi aux drames que vivent en parallèle les personnages périphériques. À cet égard, on soulignera ici les présences vibrantes de Michelle Williams et Anne Hathaway, de même que celle de Roberta Maxwell, fort émouvante dans le rôle de la mère de Jack.

Heath Ledger et Jake Gyllenhaal offrent évidemment de formidables prestations, mais il convient aussi de célébrer avant tout la remarquable réalisation de Ang Lee. Qui- fait très rare- enrichit de sa vision la courte nouvelle d'Annie Proulx, y ajoutant une dimension mythique qui donne au drame un caractère encore plus déchirant. Car Brokeback Mountain, c'est cela avant tout: une histoire d'amour bouleversante qui, en principe, devrait vous nouer la gorge. N'y a-t-il pas plus tragique en ce monde que de passer à côté de l'amour de sa vie?

_______________

****1/2
Brokeback Mountain

Drame de Ang Lee. Avec Heath Ledger, Jake Gyllenhaal, Michelle Williams, Anne Hathaway. 2 h 14.

Au Wyoming en 1963, deux jeunes hommes, embauchés pour surveiller un troupeau de moutons, développent une liaison amoureuse.

Une histoire d'amour déchirante, mise en images avec intelligence et subtilité.






« Last Edit: Mar 26, 2006, 12:49 AM by chameau »
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Re: French reviews
« Reply #2 on: Jan 14, 2006, 05:20 PM »
This one is from Voir an important free cultural hebdo:

 

15 décembre 2005
Brokeback Mountain

Mon bel amour, ma déchirure
Manon Dumais
 
Ang Lee: "Il est ironique que le film soit entouré d'une bonne rumeur dans un pays où l'homophobie est très forte... On verra bien si le film y changera quelque chose."
 
Étiqueté à tort "western gay", Brokeback Mountain raconte la bouleversante histoire d'amour entre un cow-boy introverti et un gars de rodéo romantique dans les décors paradisiaques du Wyoming. Tête-à-tête avec le brillant réalisateur Ang Lee, qui partage ses impressions sur l'Amérique, l'amour et l'homophobie.

Lauréat du Lion d'or à Venise et en lice pour sept Golden Globes, Brokeback Mountain d'Ang Lee séduit tout sur son passage. Et pour cause. Celui à qui certains ne pardonnent pas encore son flirt avec Hulk, est de retour avec une œuvre d'une grande force, du même calibre que The Ice Storm, dans laquelle s'illustre avec réalisme l'Amérique. En fait, une vision plus réaliste que l'on retrouve chez la plupart des cinéastes américains. Une vision toutefois dénuée de jugement de la part de Lee, qui vit aux États-Unis depuis 1978.
De confier le réalisateur taïwanais, rencontré lors d'un voyage de presse à New York: "C'est dur parfois de ne pas porter un jugement, parce que si c'était le cas, ça pourrait être sévère. Il est parfois difficile d'accepter la critique. (rire) Je crois que ce que l'on voit au cinéma américain est cliché; lorsque l'on vient de l'extérieur, on ressent une certaine pression, comme si on n'avait pas le choix de présenter une vision authentique de l'Amérique. Il faut donc être humble, faire ses recherches et s'assurer que tout ce que l'on présente respecte la réalité."

Respect de la réalité, mais respect de l'œuvre aussi, car au départ, Brokeback Mountain est une nouvelle d'Annie Proulx, publiée dans le New Yorker en 1997. Un texte descriptif, précis, un style dépouillé d'où émane en toute subtilité le sentiment amoureux qui torture Ennis Del Mar (Heath Ledger, excellent), cow-boy introverti ayant été témoin 
d'un crime homophobe durant sa jeunesse, envers Jack Twist (Jake Gyllenhaal, très solide), un gars de rodéo romantique qui tentera durant plus de 20 ans de le convaincre de vivre leur amour au grand jour.

Cette subtilité des émotions, nous la retrouvons d'abord grâce au formidable scénario de Larry McMurtry et Diana Ossana qui ont saisi l'essence de la nouvelle sans la trahir, allant jusqu'à étoffer avec bonheur les personnages féminins, dont Alma, malheureuse épouse d'Ennis que campe avec une sensibilité remarquable Michelle Williams. Vient ensuite la touche d'Ang Lee qui, en donnant vie à une histoire qui n'est pas sienne, signe une envoûtante œuvre personnelle dans laquelle se reconnaît la finesse d'observation du réalisateur de Sense and Sensibility.

Lee poursuit: "Je n'ai pas discuté avec Annie Proulx à propos des motivations des personnages; ce qui l'intéressait surtout, c'était de s'assurer comment allait être présentés le Wyoming et le fait d'y être gay. Pour moi, la nouvelle et le scénario en disaient déjà beaucoup, je ne ressentais donc pas le besoin d'analyser le récit avec les auteurs. J'avais envie de découvrir tout par moi-même. Évidemment, pour les acteurs, c'est différent, ils posent des questions. Je leur ai fait part de mes impressions, mais je ne voulais pas tout leur dévoiler parce que je voulais qu'ils trouvent par eux-mêmes et que leurs doutes servent aux personnages."

Beaucoup d'encre a coulé due au fait que deux acteurs hétéros incarnent un couple gay, mais peu ont relevé que Lee n'en était pas à son premier récit gay - rappelons-nous The Wedding Banquet. L'impact dans la carrière d'un réalisateur serait-il moins grand? Lui-même hétérosexuel, Lee avoue:

"Pour un acteur, il est évidemment risqué d'incarner un personnage gay, car son image et le jugement du public sont importants pour lui; pour un réalisateur, c'est différent puisqu'il est derrière la caméra, donc à l'abri des préjugés. En fait, un réalisateur n'a pas de problème d'image. Pour ma part, je ne pense pas avoir eu ce problème d'être catalogué gay parce que je n'ai pas que raconté des histoires gays. Il est vrai que j'ai dit que je tirais plus de jus d'une histoire gay parce que cela représentait un grand défi pour la société, mais au fond, ce qui m'intéresse, c'est de raconter des histoires et ce qui m'a touché dans Brokeback Mountain, c'est la force du sentiment amoureux."

Sans doute l'une des plus belles - et plus tristes - histoires d'amour à avoir vu le jour au grand écran, Brokeback Mountain n'est pas à proprement dit un western, mais grâce à la superbe photo de Rodrigo Pietro (Amores Perros) et à la musique aux accents mélancoliques de Gustavo Santaolalla (The Motorcycle Diaries), une certaine nostalgie de l'Ouest se fait sentir. Bien que porté par une excellente rumeur, certains hésitent encore à l'idée de voir deux cow-boys s'embrasser à bouche que veux-tu: "Il est ironique que le film soit entouré d'une bonne rumeur dans un pays où l'homophobie est très forte... On verra bien si le film y changera quelque chose." Souhaitons que plusieurs laissent leurs préjugés au vestiaire afin de se laisser emporter par l'un des plus grands films de l'année.

 
 
« Last Edit: Feb 03, 2008, 09:47 PM by chameau »
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Re: French reviews
« Reply #3 on: Jan 14, 2006, 05:24 PM »
Anyone could post their personal review on canoe.qc.ca:  this is the link: 

http://www2.canoe.com/cinema/fiche/film/101886.html

This is one of the best:

SOUVENIRS IMMORTELS - Les Souvenirs de Brokeback Mountain seront immortels dans la mémoire d'Ennis et dans celle de tous ceux qui auront vu ce chef-d'oeuvre qui se compare aux grandes tragédies grecques antiques et à celles du théâtre de Shakespeare, Corneille et Racine. La beauté des sentiments qu'éprouvent Jack et Ennis l'un pour l'autre n'a d'égal que la beauté insaisissable des paysages mise en valeur par une direction de la photographie exceptionnelle. La fin tragique de Jack n'est pas sans nous rappeler celle toute aussi tragique de Mathew Sheperd, survenue quelques années après l'écriture de la nouvelle d'Annie Proulx. Heath Ledger est un grand acteur qui nous transmet les émotions de son personnage par ses silences, son regard, ses gestes et les expressions de son visage. Sa nomination aux Golden Globes est amplement méritée et encore plus, il devrait être mis en nomination pour un Oscar qu'il mérite également. Bokeback Mountain m'a bouleversé et ému.
10/10
01-01-2006   - Denis Racine   - âge :(50+)
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« Reply #4 on: Jan 14, 2006, 05:26 PM »
http://www.excessif.com/news.php?13109&detailsvotes=

Lion d'or au dernier festival de Venise, Brokeback Mountain d'Ang Lee conte l'histoire d'amour intense et torride entre deux cow-boys (Jake Gyllenhall et Heath Ledger) et capte la vie au-delà des mots. Incontestablement, on tient avec ce formidable film l'un des événements de début 2006.



BROKEBACK MOUNTAIN
Un film d'Ang Lee
Avec Jake Gyllenhaal, Heath Ledger, Michelle Williams
Film américain.
Durée : 2h 14min.

L'histoire de deux hommes, un homme de main d'un ranch et un cowboy de rodéo, qui se rencontrent lors de l'été 1961 au Wyoming. Les deux hommes développeront une longue amitié qui se transformera en amour entrecoupée d'embrouilles, d'événements heureux et de tragédies. Une relation qui durera 20 ans dans une Amérique rurale et intolérante.

Sur le papier, "la passion vécue par deux hommes, un propriétaire de ranch et un spécialiste du rodéo, qui se rencontrent à l'été 1961 entre le Wyoming et le Texas". Hâtivement présenté comme un western gay, avec un synopsis qui peut à sa simple lecture susciter la moquerie bêtasse, Brokeback Mountain est en réalité un film extrêmement viscéral. L’impression qu’il provoque est d’autant plus forte que l'on ne s’attend pas à être autant bouleversé par une histoire d’amour, a priori anodine et qui en fait confine au sublime. Alors que pendant toute la première partie, on a l’impression que le scénario dynamite les us et coutumes d’un genre balisé (le western), on se rend compte très vite que la suite raconte une toute autre histoire : celle d’un amour qui ne s’est jamais fini, d'une caresse indicible qui a suscité de multiples charivaris intérieurs, de sentiments de lâcheté vis-à-vis de la morale bien pensante, d’étreintes violentes qui trahissent l’absence, l’attente ou le désir, et surtout le refoulement des pulsions. Au bout de ces bobines, on est floués. Floués par l’élégance suprême de cet empire des sens qui en dit long par le simple pouvoir de la suggestion, sans avoir le moindre recours à la pénible démonstration.

Premièrement, et c’est un immense atout, le film semble témoigner un mépris radical pour les étiquettes. D'où le pari casse-gueule : dans quel sens considérer ou prendre le film ? A cette question, Ang Lee, cinéaste définitivement surprenant (c’est peut-être son meilleur film), a le bon goût de ne pas répondre. Précisément, il recherche ici à travers une forme a priori obsolète un moyen de décortiquer une société phagocytée par les apparences et l’uniformité. Le seul film récent qui ait réussi cette même gageure est Loin du Paradis (Todd Haynes, 2003) qui scrutait sous les multiples sourires de son héroïne la détresse absolue des frustrations. En creux, Haynes donnait à réfléchir sur les diktats actuels en même temps qu’il filmait le plus beau et flamboyant des mélodrames à la sauce Douglas Sirk sans tomber dans le pastiche cynique. Brokeback Mountain appartient à cette lignée de films qui parviennent à dynamiter les conventions d'un genre tout en restant subtilement bouleversant. Sous son apparence romanesque, car le film est foncièrement romanesque et romantique, il dit des tonnes de choses fondamentales sur l’existence et balaie avec classe les clichés comme les préjugés. De manière plus pragmatique, le film peut se lire comme une démonstration de l’éclectisme filmique d’Ang Lee, capable d’enchaîner les projets hétéroclites comme pas grand monde avec la même virtuosité. Il aime à s’exprimer dans des registres aussi dissemblables que la comédie (Salé Sucré), le drame intimiste (Ice Storm), le block-buster malade (Hulk), le wu-xia-pian grand public (Tigre et dragon). Quelque part entre Garçon d'honneur, Chevauchée avec le diable et Ice Storm, Brokeback Mountain ressemble à une sorte de western audacieux qui se plaît à ne pas appliquer les bonnes règles et surtout à ne pas raconter la bonne histoire...

Je t'aime, moi non plus

Le film commence dans la nonchalance, la quiétude ambiante pour progressivement devenir le réceptacle des passions. Ang Lee s'attarde sur les prémisses d’une liaison entre deux hommes et dessine de manière remarquablement précise, sans chichis ni fioritures, une relation nouvelle avec son cortège d’œillades enflammées, de gestes maladroits et de détails infinitésimaux qui trahissent l'attirance électrique. C’est le produit d’une attirance réciproque facilitée par l’isolement. Seulement, ce qui aurait dû n’être qu’une passade se révèle très vite un besoin urgent et vital. Désir brûlant de revoir la personne aimée. Petit à petit, les deux hommes réalisent qu’un lien extrême naît entre eux mais que la barrière sociale du conformisme empêche cette relation et l’oblige à être vécue de manière cachée. Quitte à mener sa propre vie à côté, à fonder une famille, à garder le mensonge et à vivre avec ce joug. Histoire de ne pas admettre ce qu'on est intérieurement. La forme joliment illustrée (des paysages sublimement photographiés) ne cache point un cheminement fictionnel classique - même si de classicisme, il en est question ici. En profondeur, tout ce que le réalisateur raconte s’avère d’une intelligence inouïe.

Le soin apporté à la psychologie des personnages (la rudesse animale de Ennis-Heath Ledger ; la sensibilité latente de Jack-Jake Gyllenhall) permet au film d’éviter les pires écueils. Alors que dans d’autres mains (Gus Van Sant et Joel Schumacher étaient paraît-il intéressés par le sujet), le projet aurait certainement été un prétexte pour filmer des éphèbes paumés dans la nature avec de lourdes connotations salaces, Ang Lee impose sa sensibilité à chaque plan, insiste sur l’idée de paradis édénique, à la fois havre de paix et refuge intérieur voire mental pour les personnages, en mettant en résonance deux mondes bien distincts (Jack et Ennis, isolés, perdus dans les immenses paysages rocheux du Wyoming et encerclés par une nature bienveillante ; les deux hommes séparés confrontés aux autres et aux contingences de la vie) et rappelle accessoirement que sensibilité ne rime pas avec sensiblerie.

La preuve, il y a une foultitude de beaux, de très beaux passages. Les regards subrepticement échangés entre les deux hommes lors de leur première rencontre chez le fermier. Cette première fois où Jack propose à Ennis de venir le rejoindre. Ce baiser fougueux lorsque les deux hommes se retrouvent après quatre ans de séparation ardue. Ce moment de soudaine et bouleversante lucidité lorsque Ennis comprend la vérité au sujet de son camarade. Tout est affaire de regards inquiets, amoureux, souvent tristes, de personnages prisonniers de leur condition. Tout est affaire de silences, aussi ; parce qu’on communique mal ou alors on refuse de se parler, de peur de dire ce qu’on pense ou ressent. Les personnages ne voient pas le temps passer (et les ravages que cela peut causer), observent leurs enfants grandir sans savoir l’âge qu’ils ont et surtout se sacrifient sans pouvoir accéder à ce qui restera comme un idéal.

Avec deux acteurs en état de grâce (Jake Gyllenhall et Heath Ledger), choix inattendus et pourtant gagnants, le cinéaste capte l’amour au-delà des mots et met en scène une sublime histoire qui n’autorise pas les larmes de crocodile ni même l’ombre d’une quelconque facilité. Lee exploite toutes les vertus du non-dit et préfère un regard expressif au moindre bavardage. Logique des dispositifs mis en place : il en résulte une œuvre d’une beauté trouble et inouïe qui choisit de se taire pour faire exploser à l’écran le vécu de chacun. Peu importe la sexualité tant le film parle avant tout à tous ceux qui ont connu l'amour et surtout une histoire d'amour qui ne s'est jamais finie. Là où le désir le plus secret le dispute au songe le plus désenchanté. C’est tragique et universel, comme dans le plus beau des westerns.

Romain Le Vern




My translation:

This year’s Golden Lion at the Venice Film Festival, Ang Lee’s Brokeback Mountain tells an intense and torrid love story between two cowboys
(Jake Gyllenhall and Heath Ledger) and describes life beyond words. Undeniably this amazing movie is 2006’s cinematographic event.

BROKEBACK MOUNTAIN
Directed by Ang Lee
With Jake Gyllenhaal, Heath Ledger, Michelle Williams … Anne Hathaway
2h 14min.

The story of two men, a rancher and a rodeo cowboy, who meet during the summer of 1961 in Wyoming. The two men will develop a long friendship which will grow into love intersected with muddles, happy events and tragedies. A relationship which will last 20 years in rural and intolerant America.

On paper, "the passion lived by two men, a ranch owner and a rodeo specialist, who meet in 1961 between Wyoming and Texas". Hastily presented like a gay western, this simple synopsis can be at the origin of stupid mockery, Brokeback Mountain is actually an extremely visceral film. The impression (impact) it causes is all the more powerful as no one expects to be so moved by a love story, apparently light and who in fact turns out to be a magnificent (sublime) one. While the first part of the movie gives the impression that the scenario shatters the habits and customs of a well known genre (westerns), one quickly realizes that the second part tells a very different story: the story of a love which never really ended, of an inexpressible caress which caused multiple interior tumult, of feelings of cowardice towards the “proper” moral obligations, of violent pressures which betray the absence, the waiting or the desire, and especially the repression of impulses. In the end, we are simply captivated. Captivated by the supreme elegance of the direction, that tells more with simple suggestions, than the need to refer to painful demonstration.

Firstly, and it is an immense asset, the film seems to testify a radical contempt for labels. Hence the unlikely bet: which direction should one contemplate or take film? With this question, Ang Lee, a definitively surprising director (it is perhaps his best film), has the good taste not to answer. Precisely, he seeks here, through a form apparently obsolete, a means to decorticate a society depicted by appearances and standardization. The only recent film that achieved to raise the challenge is Far from Heaven (Todd Haynes, 2003) which examined, under the multiple smiles of its heroin, the absolute distress of frustrations. Haynes gave food for thoughts on current diktats at the same time as he filmed most beautiful and flamboyant melodramas in the style of Douglas Sirk, but without falling into a cynical pastiche. Brokeback Mountain belongs to this category of films that manage to dynamite conventions of genre, while in the mean time remaining subtly upsetting. Under its romantic appearances, because the film IS fundamentally romantic and romantic, he tells tons of fundamental things about existence and sweeps, with class, the stereotypes such as prejudices.
In a more pragmatic way, the film can be read as a demonstration of Ang Lee’s cinematic eclecticism, with the ability to carry out heteroclite projects with virtuosity like no one else can. He likes to express himself in registers ranging from comedy (Yin shi nan nu), to drama (Ice Storm), to blockbuster (Hulk), to wu-xia-pian (Crouching Tiger, Hidden Dragon). Somewhere between these movies, Brokeback Mountain seems to be some sort of a daring western, which takes pleasure in not following rules and not telling the good story...

I love you, me either

The film starts in some sort of nonchalance, a quiet atmosphere that gradually becomes the receptacle of passions. Ang Lee lingers on the beginning of a relationship between two men and remarkably draws in a precise way, without fuss nor ornaments, this new relationship which is ignited by burning glances, awkward gestures and small details which betray electric attraction. It is the product of a reciprocal attraction, facilitated by insolation. Only what should have been a passing fancy appears turns quickly into an urgent and vital need. Burning desire to see the loved one again. Gradually, the two men realize that an amazing bond is created between them but that the social barrier of conformity prevents their relationship and forces them to hide it. Even if it means that they have to carry on their own lives on the side, to create a family, to keep lying and to live with this burden. In order to hide what they really are inside. The nicely illustrated form (by the superb photography) does not hide a classic development of fiction - even if classic, it is in question here. In-depth, everything the director portrays proves to be of an astounding intelligence.


The care taken to describe the characters ( the animal roughness of Ennis-Heath Ledger; the latent sensitivity of Jack-Jake Gyllenhall) allows the movie to avoid the worst pitfalls. Whereas on the other hand (Gus Van Sant and Joel Schumacher were apparently interested by the script), the project would certainly have been a pretext to film beautiful young men lost in the nature with heavy ‘dirty’ connotations, Ang Lee imposes his sensitivity to each scene, insists on the idea of hedonistic paradise, at the same time haven of peace and even mental refuge for the characters, by putting in resonance two quite distincts’ worlds (Jack and Ennis, isolated, lost in the vast landscapes of Wyoming and surrounded by a benevolent nature; the two separated men, confronted to others and the eventuality of life) and incidentally points out that sensitivity does not rhyme with sentimentality.
The proof, there is a lot of beauty, very beautiful scenes. Glances quickly exchanged between the two men as they first met. This first time Jack proposes to Ennis to come and join him. This impetuous kiss exchanged as the two men meet again after four years of difficult separation. The moment of sudden and upsetting lucidity when Ennis realises the truth about Jack. All is a matter of anxious glances, in love, often sad, characters captive of their condition. All is a matter of silences, too; because one can communicates badly or then refuses to talk, for fear of saying what one thinks or feels. The characters do not see time pass (and the devastations that it can cause), they observe their children grow, unable to say how old they are and scarifying themselves without being able to reach something that should stay an ideal.
With two actors in a state of grace (Jake Gyllenhall and Heath Ledger), unexpected choices and yet winning ones, the director captures love beyond words and films a sublime story that does not authorize the crocodile tears nor even the shade of an unspecified facility. Lee exploits all the virtues of the unsaid and prefers an expressive glance with less talking. Logic of the strategy: results in a masterpiece of a disturbing and yet astonishing beauty, which chooses to keep silent to convey more life on the screen. The sexuality does not matter so much, since the movie initially talks about those that have known love and especially a love story that never finished. Where the most secret desire disputes the more disenchanted dream. It is tragic and universal, as in the most beautiful western.

Froggy’s translation of Romain Le Vern's article
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Re: French reviews
« Reply #5 on: Jan 14, 2006, 05:26 PM »
This is mine, the one I posted on Canoe.

Brillant, sensible, tragique. Du cinéma très intelligent, déjà pour moi un classique du 7e art. Bravo Ang Lee! De cet excellent scénario dont personne ne voulait, il en a tiré un pur bijou. Bravo à toute l'équipe. Les acteurs sont tous excellents (Heat Ledger est miraculeux), la photographie géniale, la trame sonore simple et très belle. Ce film et sa musique me hantent depuis que je l'ai vu. En passant, çà m'a réconcilié avec la musique country... faut le faire! Le jour où je l'ai vu, miracle... la salle était des plus receuillie et silencieuse, c'est bon signe. Enfin, c'est très réducteur de qualifier ce film de "western gay", allez le voir les yeux et le coeur grand ouverts, à mon humble avis, un grand chef d'oeuvre du cinéma de ce 21e siècle. J'irai le revoir.
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Re: French reviews
« Reply #6 on: Jan 14, 2006, 05:31 PM »
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Brillant, sensible, tragique. Du cinéma très intelligent, déjà pour moi un classique du 7e art. Bravo Ang Lee! De cet excellent scénario dont personne ne voulait, il en a tiré un pur bijou. Bravo à toute l'équipe. Les acteurs sont tous excellents (Heat Ledger est miraculeux), la photographie géniale, la trame sonore simple et très belle. Ce film et sa musique me hantent depuis que je l'ai vu. En passant, çà m'a réconcilié avec la musique country... faut le faire! Le jour où je l'ai vu, miracle... la salle était des plus receuillie et silencieuse, c'est bon signe. Enfin, c'est très réducteur de qualifier ce film de "western gay", allez le voir les yeux et le coeur grand ouverts, à mon humble avis, un grand chef d'oeuvre du cinéma de ce 21e siècle. J'irai le revoir.
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It is indeed a great masterpiece, Ang Lee's I guess...but all thankx to Annie Proulx and the work done to the script!
Thankx for sharing all this Pierre

 :-*
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Re: French reviews
« Reply #7 on: Jan 14, 2006, 05:32 PM »
This one is from "Le Soleil" (The Sun) Quebec City's newspaper:

Le vendredi 23 décembre 2005

 
« BROKEBACK MOUNTAIN »

La conquête de l’Ouest

Gilles Carignan

Le Soleil

C’est ce qui s’appelle rebondir avec grâce. Loin des élucubrations de Hulk, Ang Lee tire son cinéma vers le très haut avec Brokeback Mountain, une romance interdite entre deux cow-boys, dans un Ouest américain aussi vaste qu’étroit. Aussi rare que prodigieux.

Rare, le nouveau Ang Lee l’est par la matière qu’il adresse (une histoire d’amour au masculin), ainsi que le cadre dans lequel il la fait évoluer (l’Ouest mythique des westerns virils). Prodigieux, le film l’est dans sa manière de traiter cette matière, manière à la fois sobre, pudique, suggestive, profonde. Brokeback Mountain est un diamant brut, d’une richesse inouïe.

S’il entraîne le cinéma grand public sur un nouveau terrain, le film n’est pas totalement étranger à certaines œuvres précédentes d’Ang Lee, que ce soit Garçon d’honneur, histoire d’un jeune immigrant qui mène une double vie pour cacher son homosexualité à sa famille, ou d’Ice Storm, autre tragédie contemporaine pénétrante, celle-là sur la banlieue libérale des années 70, cadre opposé à celui de Brokeback Mountain, qui offre un tout autre visage de l’Amérique à une époque similaire.

Le motif central de Brokeback... est le double. Deux hommes, deux temps, deux espaces, deux vies. Les hommes : Jake et Enes (Jake Gyllenhaal et Heath Ledger), jeunes cow-boys sans domicile fixe, engagés un été pour garder les moutons dans un sommet du Wyoming. Premier temps, premier espace : celui de la rencontre, de l’expérience amoureuse, dans le décor à la fois sauvage et bucolique de cette montagne, que les protagonistes ne quitteront jamais tout à fait.

Minutie d’un documentaliste

Ang Lee prend tout son temps pour planter le paysage, une sorte de paradis perdu isolé où deux hommes vont se trouver, loin du regard de la civilisation, qu’ils savent désapprobateur. Ang Lee filme cette idylle au sommet avec la minutie d’un documentariste désirant saisir l’essence d’un lieu. Intelligent, le cinéaste manie aussi fort bien le symbole, et brosse en une scène forte – Jake qui tente de prendre Enes au lasso – toute la nature du drame qui les attend.

Deuxième temps, deuxième espace : la vie après l’amour. C’est lorsque Jake et Enes regagnent le plancher des vaches, après l’idylle, que le film s’ouvre pleinement, en même temps que l’environnement se referme sur les amants et leur secret. L’Ouest de Brokeback Mountain n’est pas le terrain d’un ordre à établir, comme dans le western traditionnel, mais d’un ordre moral puritain à préserver. Dans ce décor conservateur, rigide, homophobe, physiquement si ouvert mais moralement si fermé, l’idylle entre Jake et Enes n’a pas d’avenir. Le second le sait mieux que quiconque. Enfant, il a été témoin du sort que les gardiens de l’« ordre » (en l’occurrence son père) font subir aux hommes qui préfèrent les hommes.

Rompus au destin tracé pour eux, ils se plient donc aux conventions. Jake et Enes prennent femmes, fondent familles, s’établissent. Jusqu’au jour où ils devront se rendre à l’évidence : impossible pour eux de vivre en occultant l’idylle au sommet sans renier ce qu’ils sont.

Brokeback Mountain est donc l’histoire de deux cow-boys qui devront mener une double vie, entre l’obligation d’obéir aux règles conservatrices de leur coin de pays et l’impossibilité de réprimer le sentiment vrai qui les anime. Brokeback Mountain est l’histoire d’un secret, motif cher à Ang Lee.

Si, dans Raison et Sentiments, le cinéaste montrait bien que les mots peuvent être un formidable paravent devant la vérité des émotions, il livre cette fois une œuvre dont la force se décuple dans le non-dit. Dans Brokeback Mountain, se taire est une cruelle nécessité, refuser de voir une manière de sauver les apparences. Que ce soit pour chacun des cow-boys, pris avec un sentiment qui les dépasse, ou pour le monde qui les entoure.

Car il y a plus dans le film que la peinture d’un amour interdit, filmé avec nuance et subtilité, admirablement servi par deux acteurs qui sans un mot parviennent parfaitement à faire sentir le trouble qui les consume (Heath Ledger est suprême). En fait, chaque avenue qu’emprunte Ang Lee ajoute à la richesse de la toile, que ce soit le rapport d’Enes avec son épouse qui a découvert son secret (superbe Michelle Williams), la difficulté de Jake d’assumer son rôle de chef de famille devant son beau-père, le lien qu’Enes développe avec sa fille aînée... La seconde partie du film est une succession de fameux moments de cinéma.

Film de suggestion, de sentiments refoulés, de connivences muettes, de tragédie silencieuse, Brokeback Mountain est l’œuvre d’un cinéaste parvenu à un raffinement sublime dans l’art de peindre en peu de traits des paysages intérieurs riches. Rien de gratuit, d’inutile, de racoleur, de spectaculaire chez Ang Lee. Pas de héros non plus dans cette histoire. Que des hommes qui souffrent de vivre dans un monde trop petit pour eux.

Jake et Enes ne pourront jamais oublier leur montagne. Nous non plus.

Au générique

- TITRE : Souvenirs de Brokeback Mountain (v.f. de Brokeback Mountain)
- GENRE : drame
- RÉALISATEUR : Ang Lee
- ACTEURS : Heath Ledger, Jake Gyllenhaal, Michelle Williams, Anne Hathaway
- SALLES : Beauport, Clap, Sainte-Foy
- CLASSEMENT : 13 ans
- DURÉE : 2 h 15
- COTE : *****

- On aime : la réalisation d’Ang Lee, la performance contenue de Ledger

« Last Edit: Mar 26, 2006, 12:54 AM by chameau »
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Re: French reviews
« Reply #8 on: Jan 14, 2006, 05:40 PM »
Quote
It is indeed a great masterpiece, Ang Lee's I guess...but all thankx to Annie Proulx and the work done to the script!
Thankx for sharing all this Pierre

You're welcome my dearest froggy.  I might take a brake now, got very watery eyes at re-readind the reviews and listening to the CD in the meantime.   :'(

There are some reviews I cannot find, will have to surf the Net to retrieve them
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Re: French reviews
« Reply #9 on: Jan 14, 2006, 05:46 PM »
Although I don't read French :(, thanks to chameau for providing these reviews and froggy for the useful translation. It definitely helps.  :D
Born from their love..forever bound by ours.

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Re: French reviews
« Reply #10 on: Jan 14, 2006, 05:53 PM »
Quote
Although I don't read French

Believe me these are great reviews, very respectful of Ang Lee's, and all the team that were involved in the making of BBM.  Now The Wings are playing on the CD player.  Cannot help it, i cry!  :'(
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Re: French reviews
« Reply #11 on: Jan 15, 2006, 09:42 PM »
This one is from Radio-Canada (French Canadian Broadcasting Corporation)

Société-nouveauté

Brokeback Mountain
Une critique de Michel Coulombe

L'amour entre deux hommes. Pour certains, le sujet demeure tabou. Pas exactement le style d'Hollywood en tout cas. Qui plus est s'il s'agit de cow-boys. Les cow-boys n'aiment-ils pas que leurs chevaux ?

Aussi cette adaptation d'une nouvelle d'Annie Proulx constitue-t-elle à sa façon une aventure audacieuse. Pas sulfureuse, toutefois. Le cinéaste Ang Lee, pudique, économe, n'a rien d'un Fassbinder.

Sujet universel, traitement original
Dans Brokeback Mountain, deux hommes se rencontrent et se découvrent au cours des longues semaines qu'ils passent seuls au milieu d'un gigantesque troupeau de moutons. Un bonheur partagé qui demeurera leur secret tout au long de leur vie. Un état de grâce qu'ils recréeront de manière épisodique à l'occasion de prétendus voyages de pêche. On fera beaucoup de cas du sexe des deux amants de cette histoire chaque fois qu'on parlera de ce film. Normal. Pourtant le sujet, peu importe qu'il s'agisse de deux hommes, est universel. Les amours impossibles. Ce thème a inspiré bien cinéastes depuis des lunes.

Sujet récurrent
Brokeback Mountain est réalisé par l'insaisissable Ang Lee. On le croit abonné aux sujets asiatiques (The Wedding Banquet), il adapte Jane Austen (Sense and Sensibility). On conclut qu'il fera son nid du côté du film historique (Ride with the Devil), il surprend avec de splendides ballets aériens chinois (Crouching Tiger, Hidden Dragon). On désespère de le voir gâcher son talent au service d'un ridicule superhéros (Hulk), il émeut avec Brokeback Mountain. Si sa polyvalence ne fait pas de doute, reste que des années après The Wedding Banquet, le cinéaste s'intéresse de nouveau l'homosexualité masculine.

Réprobation sociale
Le film de Lee est construit autour du contraste entre la ville et la nature. Entre la vie domestiquée, sans joie, conforme aux attentes de la société, et la liberté, associée à la montagne, à la rivière, au plein air. Entre ces deux mondes, il y a le poids du silence et la menace, l'épée de Damoclès, que représente la réprobation sociale. Aussi, les deux cow-boys interprétés par Jake Gyllenhaal et Heath Ledger, impeccables, apprennent-ils à dissimuler leurs regards derrière leurs Stetson.

Un avenir incertain, une valeur sûre
Brokeback Moutain a remporté Le Lion d'or à Venise. Deviendra-t-il, comme C.R.A.Z.Y. au Québec, un film populaire ou sera-t-il confiné à un public confidentiel ? Difficile de prévoir. Deux choses semblent assurées. Ce film sera dans la course aux Oscars en février prochain. Et il ira droit au coeur de tous ceux qui iront le voir.
« Last Edit: Mar 26, 2006, 12:56 AM by chameau »
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Re: French reviews
« Reply #12 on: Jan 15, 2006, 10:14 PM »
Ah!  This is the one I have been looking for.  Very good review from a straight soul.


Des amours interdites
par Stéphanie Nolin 

Brokeback Mountain
vf: Souvenirs de Brokeback Mountain



Brokeback Mountain est un film audacieux dans sa manière de dépeindre le sentiment amoureux comme jamais auparavant. Cette œuvre bouleversante du cinéaste Ang Lee raconte l’amour avec sincérité et sonde les replis mystérieux et inexplorés de l’âme humaine. On y narre l’histoire d’amour singulière, à résonance universelle, de deux hommes dans l'Amérique rurale des années 60 et 70.

Deux cowboys sont engagés pour garder ensemble un troupeau de moutons à Brokeback Mountain en 1963. À l’abri des regards, sur les flancs de la montagne, leur complicité se mue lentement en un amour aussi passionnel qu’inattendu. Quand vient la fin de la saison, les deux hommes doivent se quitter et faire leur vie. Ennis se marie avec sa fiancée Alma (Michelle Williams), tandis que Jack épouse Lureen (Anne Hathaway). Quand ils se revoient quatre ans plus tard, un seul regard suffit pour les embraser. Ces deux hommes devront alors vivre avec ce sentiment si beau qui les habite, dans une société qui le condamne.

Cette adaptation cinématographique d’une nouvelle écrite par Annie Proulx en 1997 a mis pas moins de huit ans avant de voir le jour et, indéniablement, la persévérance de ses artisans pour mettre ce film au monde en valait la peine. Brokeback Mountain frappe en plein cœur, chavire, émeut et ouvre les yeux, tout à la fois.

Réalisé avec intelligence et honnêteté par l'éclectique Ang Lee, cette œuvre lyrique est gorgée d’émotions et saura toucher quiconque a connu l’amour. Le talent du réalisateur se matérialise dans chacune des scènes, dans chacun des gestes de ses acteurs : un regard, un silence, une larme. Lee refuse de cantonner ses personnages dans des stéréotypes, tout comme il s’abstient de montrer une société manichéiste. Il ose également dire et montrer, parfois crûment, ce qu’on dissimule habituellement.

La mise en scène épurée laisse toute la place aux acteurs, les non-dits se font plus éloquents que les paroles. Les majestueux paysages rocailleux de l’Alberta accolés aux vastes étendues poussiéreuses du Wyoming et du Texas font échos aux états d’âme des personnages. Lee joue habillement avec les contrastes, notamment entre la liberté que procure chacun des moments passés à Brokeback Mountain opposée à l’inconfort de la vie au sein d’une société répressive.

Brokeback Mountain met en scène deux interprètes prodigieux, au sommet de leur art et éblouissants de justesse et de sensibilité. Impeccablement dirigés, ceux-ci offrent plusieurs moments fort touchants. Heath Ledger, particulièrement, incarne avec une surprenante retenue un personnage sibyllin, tourmenté par le désir qui le hante. Jake Gyllenhaal et Michelle Williams sont également troublants de vérité.

Si la démarche peut sembler audacieuse et le sujet scabreux, Brokeback Mountain met avant tout en lumière un thème universel, celui de l’amour impossible. Le réalisateur prend à contre-pied les clichés et les préjugés pour nous offrir ce récit épique renversant, à la charge émotive explosive, campé dans des paysages d'une rare beauté. Un film, tout en poésie, qui mérite certainement toute notre attention et qui ne laissera personne de glace. Une bonne occasion de mettre ses préjugés de côté...


 lecinema.ca a aimé :
Cette oeuvre magistrale en entier, campée dans des paysages majestueux et portée par une distribution exemplaire
Le brillant scénario de Larry McMurtry et Diana Ossana
La direction-photo, lyrique, de Rodrigo Pietro 
 
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Re: French reviews
« Reply #13 on: Jan 16, 2006, 05:27 PM »
Reviews from France are starting to come out.  At first glance these are stellar reviews.  Stay tuned. I will add them when they become available.
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Re: French reviews
« Reply #14 on: Jan 17, 2006, 02:36 PM »
"Le Secret de Brokeback Mountain" : à l'Ouest, un amour impossible
LE MONDE | 17.01.06
[/u]

On peut aller voir le film Brokeback Mountain avec, à l'esprit, cette étiquette collée bien avant sa sortie : un western gay. Mais il vaut mieux regarder l'affiche et le titre qu'a choisi le distributeur français, pour une fois plutôt inspiré : chez nous, Brokeback Mountain — qui désigne un coin du Wyoming — est précédé des mots : Le Secret. Un secret ce peut être un mystère, mais ici les spectateurs en sont les détenteurs dès les premières séquences.

C'est surtout un fardeau, et le beau film d'Ang Lee est tout entier consacré à ce poids que doivent porter Jack Twist (Jake Gyllenhaal) et Ennis Del Mar (Heath Ledger), toute une vie durant. Ils sont âgés de 20 ans quand ils se rencontrent dans une ville de l'Ouest américain, faite de quelques maisons au croisement de deux routes, en 1963. Ennis est arrivé en stop, Jack dans un pick-up prêt à rendre l'âme. Sur le parking, devant un bureau fermé, ils s'observent, ils sont là dans l'espoir d'être embauchés pour garder les moutons qui iront paître sur les terres du parc national voisin. Le récit de cet estivage (le terme est à prendre avec précaution, puisque la saison sera marquée par une tempête de neige) est à la fois le paroxysme du film et son prélude.

Sur le parking, Ang Lee a filmé les deux jeunes gens avec attention, détachant les regards subreptices, les interrogations muettes, esquissant les deux caractères : Jack Twist extraverti, sûr de son charme, Ennis Del Mar mutique, tentant à toute force de ne rien laisser transparaître de ses désirs et de sa séduction. Une fois arrivés dans la montagne, Ang Lee compose un poème à la gloire de l'amour qui naît entre les deux bergers, ce qui correspond très exactement à la définition que le dictionnaire donne de l'"idylle". Du moment où Jack détourne par un effort surhumain de volonté son regard du corps d'Ennis qui se lave devant lui à la première nuit d'amour, Ang Lee égrène des moments avec une solennité un peu sentimentale, magnifiée par la splendeur naturelle qui entoure les deux jeunes gens.

LA VOIE DE LA DÉNÉGATION

Cette recherche de la belle image peut agacer un temps, mais cette accumulation primitive de beauté prendra un sens de plus en plus poignant au fur et à mesure que le film avancera. C'est que le secret de Brokeback Mountain n'en est pas vraiment un. Le rancher qui a embauché les deux jeunes gens a surpris leurs ébats et les congédie plus vite que prévu ; et la saison d'après, il refuse de les reprendre. On en est à peu près au tiers du film, et c'est à ce moment qu'il commence vraiment : ce sera le récit de deux vies qui ressemblent à des agonies, vécues dans le souvenir et le regret que ravivent périodiquement les retrouvailles entre Jack et Ennis. Chacun de son côté les deux hommes se marient, ont des enfants.

Délicatement et précisément utilisés par le metteur en scène, le maquillage des acteurs, la transformation des intérieurs (les télévisions prennent des couleurs, les voitures changent d'apparence) marquent le passage du temps. Mais ces indications ne sont que les accessoires du formidable travail des deux acteurs. Jake Gyllenhaal fait de son personnage un rebelle toujours au bord du geste décisif et remettant sans cesse le moment où il faudra l'accomplir.

Après avoir quitté Ennis, il gagne chichement sa vie dans les rodéos, et épouse la fille (Anne Hathaway, surprenante) d'un riche homme d'affaires de la région. Méprisé par son beau-père, ignoré par sa femme, c'est probablement dans ces dernières séquences, alors qu'il incarne un quadragénaire, qu'il est le plus touchant. Heath Ledger est peut-être encore plus impressionnant : dès les premières séquences, Ennis emprunte la voie de la dénégation : "Je ne suis pas pédé" (I ain't no queer), dit-il après la première nuit d'amour. C'est lui qui s'attache le plus consciencieusement — avec les conséquences les plus tragiques — à construire un foyer (dans le rôle de son épouse, Michelle Williams tirerait des larmes à une pierre), c'est lui qui oppose aux rêves de Jack les raisons de la réalité.

Ang Lee se tient à la juste distance pour ne pas se précipiter dans la dénonciation : il ne cache rien de la violence homophobe qui entoure ses deux personnages ; mais Jack et Ennis sont comme tous les amants, et cette histoire d'amour finira mal comme toutes les autres parce qu'elle porte en elle les germes de sa destruction. Et c'est dans cette universalité que l'on trouvera une éventuelle portée sociale et politique à ce qui est d'abord un beau film, grave et déchirant.

NB:

Interdiction. Aux Etats-Unis, Brokeback Mountain a reçu la classification "R", qui l'interdit aux mineurs de 17 ans non accompagnés pour "sexualité, nudité, langage et quelques scènes de violence". C'est la même classification que le Munich, de Steven Spielberg, ou Match Point, de Woody Allen. Depuis la sortie du film aux Etats-Unis, le 16 décembre 2005, seul un cinéma, à Salt Lake City (Utah), a refusé de le projeter.

Box office. A ce jour, Brokeback Mountain a rapporté 30,8 millions de dollars (pour un budget estimé à 14 millions de dollars). La publication professionnelle Variety note, dans un article du 15 janvier, que le film progresse vigoureusement dans des villes moyennes comme Columbia dans le Missouri, Shreveport en Louisiane ou Sioux Falls dans le Dakota du Sud, démontrant ainsi qu'il n'a pas besoin de la présence d'une importante communauté gay pour rencontrer un public. La suite de sa carrière dépend maintenant de sa réussite dans la course aux Oscars.

will translate soon
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Re: French reviews
« Reply #15 on: Jan 17, 2006, 03:31 PM »
Yes please translate!!!
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Re: French reviews
« Reply #16 on: Jan 17, 2006, 05:17 PM »
From avoir-alire.com

 Discutez de LE SECRET DE BROKEBACK MOUNTAIN sur les forums
Le film de toutes les surprises qui allie intelligence du script, brio des comédiens et beauté des paysages. Chapeau bas.

L’argument : La passion vécue par deux hommes, un propriétaire de ranch et un spécialiste du rodéo, qui se rencontrent à l’été 1961 entre le Wyoming et le Texas.

Notre avis : Présenté comme un western gay, Brokeback Mountain est en réalité un film extrêmement viscéral. L’impression qu’il provoque est d’autant plus forte qu’on ne s’attend pas à être autant bouleversé par une histoire d’amour qu’on pourrait croire anodine et qui en fait tutoie le sublime. Alors que pendant toute la première partie, on a l’impression que le scénario dynamite les us et coutumes d’un genre balisé (le western), on se rend compte très vite que la suite raconte une autre histoire : celle d’un amour sans limite qui ne s’est jamais fini, de sentiments de lâcheté vis-à-vis de la morale bien-pensante, d’étreintes sensuelles et violentes qui trahissent l’absence comme l’attente et surtout du refoulement de pulsions.
Le film semble témoigner d’un mépris radical pour les étiquettes. Ang Lee, cinéaste définitivement surprenant, recherche ici dans une forme a priori obsolète et balisée (le western) un moyen de décortiquer une société phagocytée par les apparences et l’uniformité. Le scénario commence dans la nonchalance d’une relation nouvelle, d’un amour qui commence à se faire, avec son cortège d’œillades enflammées et de gestes maladroits, et dessine les prémisses d’une liaison entre deux hommes. C’est le produit d’une attirance réciproque facilitée par l’isolement.
Seulement, ce qui aurait dû n’être qu’une passade se révèle très vite un besoin urgent et vital. Petit à petit, les deux hommes réalisent qu’un lien extrême naît entre eux mais que la barrière sociale du conformisme empêche cette relation et l’oblige à être vécue de manière cachée. Quitte à mener sa propre vie à côté, à fonder une famille, à garder le mensonge et à vivre avec ce joug. Acteurs en état de grâce ; intelligence suprême du scénario ; complexité des sentiments ; somptuosité formelle. Pas de doute possible : Le secret de Brokeback Mountain est une œuvre d’une beauté infinie qui fait exploser à l’écran le vécu de chacun.
 
Romain Le Vern
 

 
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Re: French reviews
« Reply #17 on: Jan 17, 2006, 06:16 PM »
From to have-alire. com

Discuss THE SECRET OF BROKEBACK MOUNTAIN on the forums The film of all the surprises that allies intelligence of the script, brio of the actors and beauty of the landscapes.  Low hat. 

The argument: The passion lived by two men, a ranch owner and a specialist of the rodéo, that meet at the summer 1961 between the Wyoming and the Texas. 

Our opinion: Presented as a western gay, Brokeback Mountain is in reality an extremely visceral film.  The impression that it provokes is all the more strong one since one does not expect as much to be overturned by a love history than one could believe harmless and that some does addresses familiarly the sublimates.  While during all the first party, one has the impression that the scenario destroys the us and customs of a marked kind (the western), one goes counts very quickly that the continuation relates another history: the one of a love without limit that did not never finish itself, of cowardice feelings with respect to the moral well thinking, of sensual and violent embraces that betray the absence as.  The film seems to indicate a radical contempt for the labels.  Ang It, film director definitively surprising, research here in a form has priori obsolète and marked (the western) a means to peel a corporation swallowed up by the appearances and uniformity.  The scenario begins in the nonchalance of a new relation, of a love that begins being done, with his procession d' œburning illades and of clumsy gestures, and draws the premises of a liaison between two men.  This the is produced of a reciprocal attirance facilitated by the isolation.  Only, this that should have been only a passade reveals itself very quickly an urgent and vital need.  Little by little, the two men realize that an extreme link is born between them but that the social barrier of conformity prevents this relation and the obliges to be lived in a hidden way.  Leave to take his own life side issue, to be founded a family, to keep the lie and to live with this joug.  Actors in condition to grace; supreme intelligence of the scenario; complexity of the feelings; definite somptuosité.  Not any possible doubt: The secret of Brokeback Mountain a œuvre of an infinite beauty that did to explode to the screen it lived of each. 

Roman The Vern

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Re: French reviews
« Reply #18 on: Jan 17, 2006, 06:26 PM »
You understand, read, write and speak French?  :P

Or this was done using some software? 

Software... indeed  ;)

Quote
Roman The Vern

The name should not have been traduced.   ;)

Bonsoir Jim,

Bisous de Montréal!

Pierre
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Re: French reviews
« Reply #19 on: Jan 17, 2006, 07:07 PM »
Alas!  The translation was done with the software.  I am found out!  I wanded to know what it said.  Excuse me?

Jim

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Re: French reviews
« Reply #20 on: Jan 17, 2006, 07:22 PM »
No excuses are needed.   ;)

Did it made some sense at least?  I found it awkward.  ???
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Offline jimnick

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Re: French reviews
« Reply #21 on: Jan 17, 2006, 07:29 PM »
Vaguely, although I must confess that it made more sense to me in English than it did in French.

Jim

Offline chameau

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Re: French reviews
« Reply #22 on: Jan 17, 2006, 07:40 PM »
So you understand a bit French then?
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Re: French reviews
« Reply #23 on: Jan 17, 2006, 07:41 PM »
Quote
"Le Secret de Brokeback Mountain" : à l'Ouest, un amour impossible
LE MONDE | 17.01.06

Sob!  :-\

Very moving review.

Thanks for the translation to come froggy.
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Re: French reviews
« Reply #24 on: Jan 18, 2006, 12:57 PM »
Quote
"Le Secret de Brokeback Mountain" : à l'Ouest, un amour impossible
LE MONDE | 17.01.06

Sob!  :-\

Very moving review.

Thanks for the translation to come froggy.

Am working on it..it's such a great article...and from an important French newspaper too!!!
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Re: French reviews
« Reply #25 on: Jan 18, 2006, 06:50 PM »
This is from Liberation (Paris)

Very  intello franco/français... The review is going nowhere.  The critic, obviously, just loved to read himself. At least we could compare with others.

froggy, let me knonw, just send me a PM.

A l'affiche Avec «le Secret de Brokeback Mountain», Ang Lee transforme un western viril en love story imparable : mélodrame homo sur fond de paysages majestueux.

Epris au lasso

par Gérard LEFORT
QUOTIDIEN : mercredi 18 janvier 2006


«Le Secret de Brokeback Mountain»
d'Ang Lee avec Jake Gyllenhaal, Heath Ledger. 2 h 14

     
Entre Wyoming et Texas, pendant près de vingt ans, deux cow-boys s'aimèrent d'amour tendre. S'il est possible de résumer le Secret de Brokeback Mountain à la façon d'une fable, c'est que le film le permet, qui proclame qu'il vaut mieux être tolérant que le contraire. Bien que les combats pour la liberté d'autrui ne soient jamais gagnés, cette édification ne vaudrait pas mieux que le «courage» de certains gîtes ruraux qui se proclament gay friendly histoire d'augmenter leur chiffre d'affaires. Un soupçon de cette sorte pourrait planer sur Ang Lee qui a dû remarquer qu'au box-office du cinéma mondial, le motif de l'homosexualité aboie hors la niche commerciale d'un public strictement pédé. Par ailleurs, sans vouloir voir le mâle partout, on notera que l'homosexualité latente de bons nombres de westerns classiques (cf. la Rivière rouge de Howard Hawks où Monty Clift se déclare très impressionné par le gros calibre de son camarade) a inspiré, au point d'en faire un standard, une longue saga de pornos gays où, l'un dans l'autre, Butch Cassidy encule le Kid. Bref, l'idée d'un cow-boy Marlboro qui ne fumerait pas que des cigarettes est a priori aussi inédite et palpitante que l'annonce d'une réduction des tarifs SNCF pour les couples «modernes». Mais à l'écran, le film vaut heureusement beaucoup mieux que sa morale.

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Adam et Yves. Avec cette adaptation d'une nouvelle d'Annie Proulx (1), Ang Lee empoigne deux mythes cofondateurs du cinéma hollywoodien : le western (école Anthony Mann) et le mélo (tendance Sirk). Et un nouveau genre donc, censé les bouleverser : le drame à pédés. Ce qui serait beaucoup pour un seul film si son point de vue était celui du recyclage roublard. Certes Jack (Jake Gyllenhaal) et Ennis (Heath Ledger), tout en jean et chapeau Stetson, sont deux jeunes cow-boys réglos. Mais en fait, plutôt gardiens de moutons que garçons vachers. Mais en réalité, plus ouvriers saisonniers dans l'Amérique des années 60, que pistoleros d'une nouvelle conquête de l'Ouest.

Tout au long de sa lente exposition, ce western fané est surtout un quasi-documentaire sur deux bourrins à cheval, prolos à peine articulés, misfits façon Huston, mendiant l'embauche auprès d'un régisseur sadique. Cette part de reportage (on y apprend l'âpreté des transhumances) ne faiblira pas sur la durée quand, élargissant son cadre, le film descend de sa montagne magique, Eden pour Adam et Yves, pour habiter le monde moins idyllique de quelques bleds country où la grégarité fait rage. Gardiens de moutons, Jack et Ennis deviennent de gentils agneaux qui se marient comme il faut et auront quelques enfants. Sans cesser de se revoir en pointillé pour des parties de campagne de moins en moins sexuelles et de plus en plus mélancoliques. Mais bien loin d'accabler les personnages «normaux» dans le rôle des vilains ou des imbéciles, Ang Lee leur donne sans cesse leur chance. Ainsi des épouses, Alma et Lureen, qui feignent l'innocence par crainte d'inquiéter leur posture étouffante de gentille ménagère. Comme dans un bon Fassbinder, la mortification sociale répond à la mortification sexuelle. Ce qui tendrait à prouver que l'homosexualité qui empoigne nos jeunes gaillards et les tiendra en alerte le temps d'une vie peu commune, n'est qu'un motif brodé parmi d'autres sur un canevas plus singulier. Comme si Ang Lee n'appuyait sur la pédale, sauf votre respect, que pour mieux envoyer valser son bolide dans un décor inédit. A l'image du paysage, qui, à tout bout de plan, est l'acteur principal de ce film contemplatif. Prairies et montagnes en hypercinémascope, exagérés en somme. N'était que la majesté du décor se délite sur la fin en une vieille carte postale, icône fripée d'une passion défunte, ultime pavane punaisée sur la cloison d'une caravane misérable.

Déni, et alors ? Capturé au lasso de l'identification et du frisson sexuel à dégagement méditatif (Montaigne et La Boétie font du rodéo), on verse quelques larmes de compassion au spectacle de cette haine de soi. Mais elles sèchent vite au profit d'une intrigue autrement excitante. Au sortir de leur première nuit d'amour, filmée à la façon d'un pugilat, voire d'une tentative de meurtre, les deux jeunes gens se parlent. Le premier pour confier qu'il n'est pas pédé, le second pour avouer qu'il n'est pas pédé non plus. On peut sourire à ce déni. On peut aussi l'entendre autrement. Et si c'était vrai ? Et si c'était ça le secret caché dans la montagne ? Qu'on peut être amoureux, être dans cet état monstrueux, sans pour autant obtempérer à l'obligation rabat-joie de lui donner un sens unique.

(1) Rééditée chez Grasset dans une traduction d'Anne Damour.


 
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Re: French reviews
« Reply #26 on: Jan 18, 2006, 10:31 PM »
This one is from l'Express (could we compare to Time, the U.S. magazine? froggy???)  Good review by the way.

L'Express du 19/01/2006
Le Secret de Brokeback Mountain
Regarde les hommes s'aimer

par Eric Libiot




Pas plus tard qu'au moment d'écrire cette chronique, je me demandais comment expliquer ce souvenir apaisant qu'avait laissé dans l'air le beau film d'Ang Lee Le Secret de Brokeback Mountain. La simplicité de l'intrigue ne suffisant pas à tout dire - sur vingt ans, l'histoire d'amour épisodique entre deux cow-boys dans le Grand Ouest américain du XXe siècle - je suis retourné à la source. Elle s'appelle Annie Proulx, romancière, nouvelliste et Prix Pulitzer, auteur de ce court texte impressionniste et impressionnant qui raconte, d'un trait, la passion entre Ennis del Mar et Jack Twist, hommes mariés dans un pays où la tradition familiale s'accroche à la terre, mais attirés l'un vers l'autre sans qu'ils puissent, ni ne veuillent, l'expliquer.


Tout est là. Les faits et les gestes. Le regard à distance exacte. Ni empathique ni détaché. Le temps qui glisse entre les phrases. L'ordinaire et l'exceptionnel qui se mêlent pour n'être plus qu'un moment de vie. Le scénario de Larry McMurtry et de Diana Ossana suivant fidèlement le récit, restait donc au réalisateur à reprendre, à son compte de cinéaste, cette nouvelle fluide et claire comme l'eau de roche du Wyoming.


Il le fait à la manière d'un Howard Hawks. Le réalisateur de La Captive aux yeux clairs, de La Rivière rouge ou de Rio Bravo (le plus beau film du monde, faut-il le rappeler?), qui n'aimait rien tant que regarder les couples se promener en dehors des clous sociaux de l'époque, années 1930-1950 - femme à culotte, mari-enfant et amitiés fortement masculines - filmait ces histoires à hauteur d'homme. Ang Lee est sur ce même terrain, qui regarde ces personnages comme le spectateur regarderait n'importe quel quidam et s'en approcherait, ou non, par le seul désir de le connaître, ou pas.


Cela dit, et on y reviendra sûrement, il faudra être attentif à l'égard du cinéma américain dans les mois qui viennent, car il semble bien que l'on assiste à un retour du classicisme. Une façon, ici et ailleurs, de remettre les choses en évidence pour y voir plus clair.
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Re: French reviews
« Reply #27 on: Jan 18, 2006, 10:36 PM »
From Le Figaro, a bit of a review and an interview with Ang Lee

Une chevauchée entre passion et l'interdit 
Jake Gyllenhaal (à gauche) et Heath Ledger (à droite) : deux caractères opposés qui n'empêcheront pas ces êtres de se rapprocher.
 
(DR)
Emmanuèle Frois
[18 janvier 2006]

On pourrait croire Ang Lee d'humeur versatile simplement parce qu'il aborde dans chacun de ses films un genre cinématographique différent. Mais on ferait fausse route. Ang Lee, réalisateur de Tigre et Dragon, de Raison et sentiments, de Hulk, se penche toujours avec la même et intense obstination sur le conflit qui existe entre l'envie de liberté personnelle de ses héros et le poids des conventions sociales, sur la passion romantique face à la soumission aux codes. «Mes personnages sont, comme moi, à la recherche d'un équilibre», confie-t-il. Le Secret de Brokeback Mountain, son nouveau long-métrage récompensé par le lion d'or au dernier Festival de Venise, et qui est, dit-on, très bien placé dans la course aux oscars, n'échappe pas à la règle.

Adaptation d'une nouvelle d'Annie Proulx, Brockeback Mountain (lire en page 30) est l'histoire d'un amour impossible entre deux cow-boys, sur une période de vingt ans, des années 60 aux années 80. Ennis (Heath Ledger) et Jack (Jake Gyllenhaal) ont été engagés pour garder un troupeau de moutons dans l'immensité des grands espaces du Wyoming. Leur complicité se transforme bientôt en une irrésistible attirance... «Ils n'ont pas les mots pour comprendre ce qui se passe en eux, pour analyser ce désir qui les traverse. Ils vont devoir garder le secret de cet amour interdit et le cacher au cœur des montagnes de Brokeback. Leur relation va en définitive se construire sur une illusion de l'amour, sur le manque, sur l'absence, sur l'attente.»

A-t-il éprouvé des difficultés à s'approprier cette histoire? «Je me suis retrouvé en terre étrangère», reconnaît le cinéaste d'origine taïwanaise, installé à New York depuis 1978 et qui avait pour ambition de créer «un western réaliste qui n'ait rien à voir avec les films classiques de western. Le récit débute alors que les jours glorieux de l'Ouest se sont éteints. Ce coin de terre a généré des légendes, a créé un genre cinématographique mais la vraie vie est autre. C'est une terre rude, sauvage et désolée, travaillée par des survivants qui parlent peu... Et qui ne sont pas dans la lignée des John Wayne et des Clint Eastwood.»

Certains qualifieront son film de «western gay», il le sait. Et peu lui importe. «Cela ne m'empêchera pas de continuer à tourner! A mes yeux Brokeback Mountain est avant tout et surtout une histoire d'amour, une élégie, un chant du deuil, lyrique et poétique.» Ang Lee, qui avait déjà sondé le cœur de l'Amérique à travers Ice Storm, Chevauchée avec le diable et la superproduction Hulk, éprouve à propos de la société américaine un sentiment ambivalent. «L'Amérique a deux visages. L'un est ouvert, libéral, l'autre se radicalise, devient plus conservateur. Ces deux facettes je les retrouve à travers mes deux personnages principaux. Jack et Ennis ont des caractères opposés. Jack est l'archétype du héros américain. Il est positif, romantique et pense que la vie peut changer, prendre un autre tournant si on en a envie. Ennis est son contraire, conservateur, renfermé sur lui-même, il n'arrive à s'exprimer qu'à travers la violence.»

En Asie, considère-t-il qu'il existe une plus grande ouverture d'esprit? «A Taïwan et à Hongkong, je n'ai jamais entendu parler de répression envers les homosexuels. Peut-être parce qu'il n'y a pas de religion dominante. Nous ne sommes pas éduqués dans l'idée du péché. Lorsque j'avais présenté là-bas Garçon d'honneur, personne n'avait été choqué.» A Taïwan, Ang Lee a pourtant été élevé dans la foi chrétienne. «Ma mère m'obligeait à aller à l'église tous les dimanches. Mon père en revanche est athée, il forçait ma mère à idolâtrer nos ancêtres! Je suis le fruit de ce curieux mélange. Et j'ai arrêté de croire à l'âge de 14 ans.»

Ang Lee a, malgré tout, conservé «un très fort sens moral et un fond conservateur. Dans ma vie personnelle comme dans ma vie artistique, j'ai une fâcheuse tendance à me sentir opprimé. Pour lutter contre ça, je m'applique à faire exploser les genres cinématographiques, les conventions théâtrales. Je veux aller au plus près de la vérité. Par exemple dans Tigre et Dragon je pense avoir rendu justice au film d'art martial tout en l'offensant car j'y injectais des éléments dramatiques nouveaux que l'on n'avait encore jamais vus. Ce n'était plus de la série B mais un véritable opéra!»


 
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Re: French reviews
« Reply #28 on: Jan 18, 2006, 10:43 PM »
This one is from Chronic'art, good review.

Ang Lee est un drôle d’auteur. On ne peut pas dire que son cinéma soit d’une grande puissance expressive. Il n’est pas davantage reconnaissable à des effets de signature. Dès qu’il se colle au spectaculaire, l’entreprise vire même à l’échec (cf. le balourd Hulk ou le surestimé Tigre et dragon). Pourtant, il existe bien une petite musique Ang Lee : quelque chose qui a trait à la discrétion, à la sourdine, à un effacement de mise en scène, une façon de placer l’acteur au centre du cadre afin d’y puiser l’énergie du plan qui donne une cinglante épaisseur sentimentale à son cinéma. A ce titre, Brokeback mountain est sans doute son meilleur film depuis The Ice storm.

Cette histoire de deux cow-boys homosexuels épris l’un de l’autre, et dont l’amour est contrarié par les conventions, s’épanouit ainsi lentement jusqu’à son bouleversant finale, sans que jamais le mélodrame ait pris les couleurs du lyrisme ou de la démesure. Au contraire, plus le film avance et plus il est sec, et plus il est sec plus il déborde de toute part, paradoxe dont l’une des séquences finales (la visite aux parents de Jack Twist) est la plus belle illustration : le silence des émotions, la rétention des gestes et des mots, tout contribue à décupler l’intense désespoir des personnages. A l’inverse, sa manière d’aborder la mythologie des cow-boys dans le premier tiers du film, la transhumance des bêtes, le panthéisme lyrique sont autant de motifs qui peinent à trouver écho dans un vrai point de vue de cinéaste. Le cinéma d’Ang Lee a souvent fonctionné sur cette ambivalence qui voit la force des personnages et des émotions sertis dans un écrin académique. Dès qu’il doit faire avec le genre (ici le film de cow-boy), c’est tout de suite pour convoquer une cohorte de chromos un peu fades, de figures imposées pas très éloignées de la publicité, sans jamais créer une réelle tension entre les clichés et la vérité des êtres, le décor et le corps des acteurs.

Les acteurs, c’est peut-être là que le film emporte le morceau, dès que le drame et le bonheur se nouent, qu’on en a fini avec le décorum pour parvenir jusqu’au cœur des êtres. A la limite, le vrai décor chez Ang Lee c’est la vie sociale, les autres (parents, femmes, enfants), un décor cruel et pétri de conventions. De ce point de vue on n’est jamais très loin d’une peinture acide, de la galerie de personnages secondaires parfois au bord de la caricature, qui tranchent souvent avec ce subtil traité des émotions qui est sa marque de fabrique. Là-dessus le film est assez impérial : ainsi de ses deux acteurs stars dont l’assurance tranquille donne à Brokeback mountain toute sa plénitude. Si Heath Ledger s’encombre parfois de tics tout droits sortis de l’Actors Studio, Jake Gyllenhaal à l’air d’être là sans jamais en imposer. Une présence au monde et au cadre qui l’inscrit directement dans la tradition de ces acteurs qui, à l’instar d’Eastwood, sont débarrassés de toute graisse, de tout forçage des émotions, de tout pathos.

Jean-Sébastien Chauvin
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Re: French reviews
« Reply #29 on: Jan 18, 2006, 10:51 PM »
Another one, from Ouest France

Le secret de Brokeback Mountain
de Ang Lee (E.U 2004 - 2h14 )
avec Michelle Williams, Heath Ledger, Jake Gyllenhaal
Deux cow-boys s'aimaient d'amour tendre. Une délicate chronique d'Ange Lee pour défendre la tolérance et la liberté.
Été 1961. Deux rudes cow-boys du Wyoming, l'un propriétaire de ranch, l'autre spécialiste du rodéo, se découvrent une attirance mutuelle qui se transforme rapidement en relation passionnelle. Histoire d'un amour interdit.

Avis : La rédaction :    Les internautes : 
 


Ang Lee est en train de tourner un western gay. Présenté dans ce raccourci, il y a deux ans, le projet avait surpris, intrigué ou choqu  :   Quand même, s'indigna Kevin Costner au moment où lui-même faisait la promotion de son très viril Open range, ça ''est pas comme ça que je vois le monde des cow-boys »

Il se sera rassuré depuis, Ang Lee ne le voit pas comme ça lui non plus. ''est-à-dire pas avec ''oeil de la caricature ou de la provocation, mais plutôt avec celui de la tendresse, de la sincérité, du naturel. De ''amour. Et ce regard a été partagé par les jurés du festival de Venise qui au mois de septembre ont couronné ''un Lion ''Or cette chronique toute en délicatesse et en subtilité

''Ouest, le vrai, mais le tout récent. Nous sommes en 1963 dans le Wyoming. Jack et Ennis sont engagés pour garder durant ''été un troupeau de moutons à Brokeback Mountain. Ils se découvrent attirés ''un par ''autre, mais une fois leur mission accomplie, ils retournent à la vie qui leur était promise. Elle prend le cérémonial ''un mariage. Régulièrement pourtant, au fil des années, ils se retrouvent afin de ''offrir des escapades amoureuses sous le couvert ''une double vie

Décidément Ang Lee est habile à ''exprimer dans tous les genres, lui qui est passé de Garçon ''honneur à Hulk avec détours par Raison et sentiments ou Tigre et dragon notamment. Ici il tire toute la force de cette belle histoire ''amour, de tolérance et de liberté du cadre dans lequel il la situe. Un monde de durs et de machos qui met à mal ''innocence spontanée de ce couple inhabituel. A ''image des touchants Jake Gyllenhaal et Heath Ledger, épatants de fraîcheur passionnée et de timidité gênée, il fait frémir sa romance ''émotions et ''élans délicatement exprimés



L'avis des internautes :
christian, thionville
dejà le film de l'année
« Ne cherchez pas plus loin, c'est d'ores et déjà le film de l'année. C'est bien le chef-d'oeuvre annoncé tout en délicatesse et en tendresse, jamais racoleur ni vulgaire. En plus tourné en décors natutels dans une montagne magnifique. Annoncé, terme très réducteur, comme un western "gay" c'est avant tout un grand film d'amour et de liberté. », (18/01/2006)
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