Author Topic: French reviews  (Read 103698 times)

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Re: French reviews
« Reply #30 on: Jan 19, 2006, 04:55 PM »
Veru good review from L'Humanité

culture
L’amour vache de deux cow-boys
Western . Le lion d’or de la dernière Mostra de Venise sort aujourd’hui, film élégiaque sur le temps qui passe et les passions contrariées.

Le Secret de Brokeback Mountain,

d’Ang Lee.

États-Unis. 2 h 14.

Cela fait longtemps que, comme celle du communisme, on prédit la mort du western, qui ne cesse pas pour autant de renaître de ses cendres. Après les diverses époques de l’âge classique, il y eut le coup de sang apporté par Peckinpah et Hellman. Puis vinrent Eastwood et tous ceux qui s’emparèrent du genre pour procéder au travail du deuil d’une Amérique disparue. Avec Ang Lee, c’est encore différent, peut-être parce que le talentueux Taïwanais n’est somme toute qu’un immigré récent dont l’imaginaire a longtemps été oriental. Ici, plus que dans le deuil, nous sommes dans l’actualité si l’on peut dire, l’action commençant dans les années soixante du siècle qui vient de se clore pour se poursuivre jusqu’à la fin des années soixante-dix. C’est d’abord un quasi-documentaire social qui nous est proposé sur ce que sont les cow-boys devenus. Ennis Del Mar (Heath Ledger) et Jack Twist (Jake Gyllenhall) sont de pauvres hères prolétarisés, aux ordres d’un patron âpre au gain (Randy Quaid) qui les exploite comme la piétaille qu’ils incarnent, soumis à la rigueur du climat et des éléments sur les pentes escarpées du Wyoming où ils font paître des moutons, soit loin de la mythologie des grands espaces texans et de leurs immenses troupeaux de bovidés. Les paysages sont majestueux - trouvés en fait en Alberta - mais les conditions de vie rudes. Souvent incapables de faire face à une circonstance imprévue comme l’arrivée d’un ours, cavaliers que l’on imagine mal dans un rodéo, encore que Jack s’y soit essayé, ils en chient, et, en plus, ils sont seuls.

De là à se rapprocher, il n’y a qu’un pas, franchi nuitamment sous la tente. Pour les deux, c’est une première fois, entre garçons s’entend. Le film devient alors, au bout d’environ une demi-heure, une touchante histoire d’amours contrariées entre deux belles gueules qui ne sauraient afficher publiquement leur penchant, ils vont se marier chacun de son côté et procréer l’un et l’autre, la vie les séparant. Ils parviendront néanmoins, à l’occasion, à se retrouver secrètement, au cours de soi-disant parties de pêche entre potes. On comprend que les grands studios aient, malgré la notoriété de l’auteur, laissé passer un tel sujet, traité de façon si crue, malgré une réserve et un tact constant, qu’il envoie aux oubliettes les sous-entendus hawksiens de Rio Bravo comme les audaces, pour l’époque, du Gaucher, d’Arthur Penn. C’est donc des producteurs indépendants qui ont pris le risque de laisser porter à l’écran la courte nouvelle d’Anne Proulx, publiée en 1997 dans le New Yorker. N’en déplaise aux confrères sceptiques (Positif et les Cahiers du cinéma sont pour une fois d’accord dans leur rejet), il s’agit d’un beau film ample et généreux qui n’a pas usurpé son lion d’or, même si d’autres titres pouvaient y prétendre.

Jean Roy

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Re: French reviews
« Reply #31 on: Jan 20, 2006, 05:11 PM »
This one is not a review but an interesting article:

Brokeback Mountain contribuera-t-il à rompre le tabou de l'homosexualité?

Marc Lavine

Agence France-Presse

Los Angeles


Forts de plusieurs récompenses aux Golden Globes et anticipant le même succès aux Oscars, les milieux gais américains espèrent que le western Brokeback Mountain contribuera à rompre le tabou de l'homosexualité à Hollywood.

Le film du Taïwanais Ang Lee, déjà récompensé du Lion d'Or du meilleur film au 62e Festival de Venise en septembre et par l'American Film Institute, est sorti vainqueur des Golden Globes décernés par la presse étrangère à Hollywood, avec quatre prix. Il est le grand favori des Oscars décernés le 5 mars dans plusieurs catégories.

Le film, basé sur un roman d'Annie Proulx, évoque les amours interdites et passionnées de deux cow-boys dans l'Amérique profonde des années 60-70.







Deux autres films récompensés également aux Golden Globes, Transamerica, une histoire de transsexuels et Capote narrant la vie de l'écrivain Truman Capote mettent aussi en scène des personnages homosexuels.

Philip Seymour Hoffman a été sacré meilleur acteur de film dramatique pour son rôle dans Capote et Felicity Huffman a remporté le Golden Globe 2006 de la meilleure actrice de film dramatique, pour son rôle de transsexuel, dans Transamerica.

Les associations gaies américaines, qui se plaignent fréquemment de l'absence de personnages homosexuels au cinéma, espèrent que le succès de ces films aidera à une plus grande diversité à l'écran.

«Je pense que ce qui est en train de se passer est que nous pouvons enfin voir des films qui dressent un portrait plus juste d'une société dans sa pluralité. Hollywood est finalement en train de se rattraper», estime Jim Key, porte-parole du Gay and Lesbian center de Los Angeles.

L'influente association Gay and Lesbian Alliance against Defamation (GLAAD) a salué également les succès commerciaux de films où les personnages principaux sont homosexuels.

«Ce sont vraiment des films qui peuvent ouvrir le coeur et l'esprit», indique le président de GLAAD, Neil Giuliano. «En mettant en scène ces histoires, ces films permettent au public une meilleure compréhension de qui nous sommes et ces films contiennent une authenticité d'émotions que peuvent partager les spectateurs gays et hétérosexuels», ajoute-t-il.

Cette série de films sur des thèmes homosexuels intervient 12 ans après la sortie de Philadephia avec Tom Hanks qui interprétait un malade du sida.

Depuis, la télévision américaine a également mis en scène des personnages homosexuels notamment avec des feuilletons comme Ellen ou Will and Grace. Mais des spécialistes de l'industrie du cinéma estiment que la récente floraison de films gais n'est qu'une coïncidence.

«Je ne crois pas que tout à coup Hollywood veuille se pencher sur des sujets gais», indique ainsi Marty Grove, éditorialiste du Hollywood Reporter.com. «Il ne s'agit que de deux ou trois films qui sont sur le marché cette saison traitant de personnages homosexuels et qui ont été qualifiés de bon films», dit-il.

Larry Gross, professeur à l'École de communications de l'Université de Southern California, remarque pour sa part qu'il est intéressant de noter que pas un seul des acteurs des films récompensés n'est lui-même homosexuel et que leur image d'hétérosexuel est solidement établie dans l'opinion publique.

Il ajoute que peu de stars d'Hollywood affichent ouvertement leur homosexualité par crainte de compromettre leurs carrières et considère que les acteurs hétérosexuels qui «osent» jouer des personnages homosexuels font l'objet d'un peu trop de louanges.

«Les acteurs américains homosexuels dans leur ensemble sont encore enfermés dans le placard d'Hollywood en raison de leur préférence, surtout s'ils sont séduisants, à vouloir jouer les héros romantiques ou d'action».








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Re: French reviews
« Reply #32 on: Jan 24, 2006, 10:29 PM »
Another good review, this one from ecranlarge.com

Par Vanessa Aubert. 
 
 
 
À l’heure des résultats des Golden Globes, le dernier film d'Ang Lee semble ne pas voler ses critiques dithyrambiques. Meilleur film dramatique, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleure chanson originale lors d’une cérémonie dite annonciatrice des Oscars.

Souvent maladroitement résumé par les termes de « western gay », Le Secret de Brokeback Moutain est le genre de film qui s’inscrit discrètement mais profondément dans votre propre histoire cinématographique. Deux cow-boys découvrant leur attirance lors d’une garde de bétails dans le Wyoming pouvait être le synopsis d’un film purement basé sur cette tendance sexuelle. Ang Lee parvient à mettre en images la nouvelle d’Annie Proulx en une histoire d’amour. Qu’elle soit celle de Shakespeare ou de Roméo et Roméo, les thèmes sont les mêmes et le gâchis aussi palpable.
C’est avec beaucoup de finesse qu’Ang Lee suggère d’abord une progression des sentiments, de la rencontre professionnelle de Jack Twist (Jake Gyllenhaal) et d’Ennis Del Mar (Heath Ledger) en sympathie amicale pour conduire à une découverte moins évidente. La réalisation polie offre des plans nets évitant toute fioriture. Les (quelques) scènes de corps à corps sont filmées avec un respect interdisant voyeurisme et indécence. Tout, des paysages aux gros plans sont mis au service d’une histoire portée par des comédiens étonnants de vérité.

Autour de Jack et Ennis gravitent des personnages secondaires interprétés par des figures de séries américaines. Échappée de son rôle culte de Jen dans Dawson, Michelle Williams s’affirme en mère de famille et épouse conciliante. Infirmière dans Urgences, Linda Cardellini délaisse ses penchants pour le docteur Kovac au profit d’un touchant rôle de serveuse. Choix de casting original et gagnant pour Ang Lee qui place ces femmes de talent autour de deux hommes qui le sont tout autant. Jake Gyllenhall et Heath Ledger touchent tour à tour par la force de leur jeu exprimée dans des palettes différentes. La conviction de Jack face à la raison d’Ennis, la résignation de l’un face à la colère de l’autre s’expriment au fil des années que le cinéaste dépeint en 2h15.

 Deux vies en plus de deux heures qu’Ang Lee aurait pu écourter un peu sans porter atteinte au sujet. La lenteur des plans figurant le temps qui passe, la multitude des scènes du quotidien pour matérialiser des existences vides de sens paraissent légitimes mais non essentielles. L’essence du film reste ce couple. Ces mains, ces regards et ces acteurs qui semblent se révéler sous nos yeux. Des acteurs qui prennent de l’âge avec leur personnage et qui font du film ce qu’il est. Une histoire qui touche et qui transporta déjà la moitié de l’équipe du film à la lecture de la nouvelle. De là à dire que le génie revient à Annie Proulx. Et à espérer que les Oscars, au contraire des Golden Globes, n’oublieront pas les vraies révélations du film : Jake Gyllenhall et Heath Ledger. Poor lonesome cow-boys. 
 
Critique rédigée le 17/01/2006
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Re: French reviews
« Reply #33 on: Jan 27, 2006, 12:37 AM »
This one is from Figaroscope (Le Figaro)

«Le Secret de Brokeback Mountain» d’Ang Lee

Par Françoise MAUPIN, mercredi 18 janvier 2006

Été 1963. Dans le Wyoming, deux jeunes cow-boys, Jack et Ennis, sont engagés pour garder ensemble un troupeau de moutons à Brokeback Mountain. Isolés dans la splendeur de la nature sauvage, leur complicité se transforme lentement en une attirance aussi irrésistible qu’inattendue. La saison de transhumance terminée, ils se séparent et retournent à leur vie quotidienne. Ennis se marie avec sa fiancée, Alma, tandis que Jack épouse Lureen, une maîtresse femme texane, « excellente comptable ». Mais quand les deux hommes se revoient quatre ans plus tard, un seul regard suffit pour raviver leur amour. Leur histoire se poursuivra une vingtaine d’années, frustrante et douloureuse, ponctuée de rendez-vous secrets.

CRITIQUE. Loin de l’homosexualité provocante d’un Fassbinder, Ang Lee est plutôt le chantre des relations entre messieurs où le sentiment prime sur le sexe. C’était déjà le cas dans Garçon d’honneur. Ici, c’est l’histoire d’une passion contrariée par la pression sociale, dans une société pas forcément permissive - le monde des cow-boys et des rodéos où il est difficile de passer outre le conformisme ambiant. Cet amour qui ne s’épanouira jamais, n’est pas sans faire penser au bouleversant Brève Rencontre de David Lean avec ses mouvements du coeur qui n’aboutissent à rien. Ang Lee raconte avec pudeur cette relation née dans la somptuosité et la magnificence des montagnes du Wyoming qui s’effilochera dans la médiocrité de la vie quotidienne et au fil des rendez-vous clandestins. Le cinéaste sait émouvoir sans jamais tomber dans le pathos, captant tous les frémissements, les instants de doute, les moments de rage, les élans de violence. Avec deux acteurs formidables - Jacke Gyllenhaal et Heath Ledger - sur un sujet difficile, le cinéaste signe là un film sincère et original.
 
 
 
 
« Last Edit: Feb 03, 2008, 10:01 PM by chameau »
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Re: French reviews
« Reply #34 on: Jan 27, 2006, 12:50 AM »
Good review from cinoche.com (Quebec)

Souvenirs de Brokeback Mountain
Version originale en anglais avec sous-tritres en francais 
v.f. : Souvenirs de Brokeback Mountain 
 

 
 
Classement
 
13 ans +
 
 
Genre
 
Drame
 
 
Pays d'origine
 
États-Unis
 
 
Durée
 
2h14
 
 
Date de sortie
 
16 décembre 2005
 
 
Réalisateur
 
Ang Lee
 
 
Acteurs
 
Heath Ledger, Jake Gyllenhall, Michelle Williams, Anne Hathaway, Randy Quaid, Linda Cardellini, Anna Faris, Scott Michael Campbell
 
 
Studio de production
 
Focus Features, Paramount Pictures
 
 
Distribution
 
Alliance Atlantis Vivafilm
 
 
Synopsis
 
La passion vécue par deux hommes, un propriétaire de ranch et un spécialiste du rodéo, qui se rencontrent à l'été 1961 entre le Wyoming et le Texas.
 
 
Par Karl Filion
 
On y revient toujours
 
 
Un très beau film sur l'amour. Probablement même plus rigoureux et crédible que plusieurs films romantiques conventionnels. Grâce à la réalisation patiente d'Ang Lee, mais surtout grâce aux deux acteurs principaux qui se donnent une réplique…plus qu'intime.

Souvenirs de Brokeback Mountain s'attaque à un sujet d'envergure : deux cow-boys qui vivent une passion homosexuelle alors qu'ils sont tous les deux assignés à la garde de moutons sur Brokeback Mountain, en 1963. Près de quatre ans plus tard, sans s'être revus, ils s'aperçoivent que la passion est toujours présente même s'ils sont tous les deux mariés et pères. Et, comme ça, plus ou moins régulièrement, les deux vont se revoir et quitter leur femmes pour quelques jours afin de se rappeler comment c'était, et qu'est-ce que c'est que l'amour. Le même amour que dans les films romantiques habituels, cet amour lyrique qui est si difficile à trouver et à garder. Sauf que Souvenirs de Brokeback Mountain n'est certainement pas un film comme les autres, on l'aura deviné, parce que le traitement est plus réaliste qu'à l'habitude, plus simple aussi, et donc drôlement plus convaincant. La réalisation, bien sentie et posée, transporte tout simplement l'émotion à travers l'écran.

Souvenirs de Brokeback Mountain est d'abord un film silencieux. Plusieurs minutes s'écoulent avant que l'on entende un premier mot. Peut-être pour réduire un peu le malaise, peut-être seulement parce qu'il n'y a rien à dire, en tout cas c'est captivant. Plus tard aussi, dans l'immensité des paysages, qui sont évidemment grandioses, c'est le silence qui primera. Les personnages sont laconiques dans leurs paroles, mais éloquents dans leurs gestes. Et leur évolution sur deux décennies en deux heures est impressionnante. Le réalisateur prend surtout de bonnes décisions dramatiques, en créant des attentes qui se renouvellent régulièrement, tandis que les personnages évoluent et vieillissent, tandis qu'ils développent une vie familiale « normale ». Les images sont merveilleusement bien construites et particulièrement profondes, les arrière-plans s'accumulent pour donner cette impression de grandeur que l'on soupçonnait à Brokeback Mountain, le film et la montagne.

Le réalisateur a le courage de le montrer, un peu, cet amour atypique, mais on retiendra surtout la passion qui se dégage de la relation entre Jack Twist et Ennis Del Mar. Toujours très crédible, leur complicité se développe lentement, crée des bases solides, demeure consciente du risque et de la nécessité de montrer les choses telles qu'elles sont, et dont on ne peut que saluer la rigueur et l'efficacité. Et la finale déclenche tout le drame que l'on présumait de cette histoire ingrate, comme toutes les autres histoires d'amour. C'est beau, c'est prenant. Un moment très fort, encore une fois de peu de mots.

Jake Gyllenhaal et Heath Ledger se donnent une réplique très vivante et apparemment franche. L'abandon est total, leur complicité palpable – et il le fallait. Étonnant comme les regards sont plus volubiles que des déclarations d'amour prolixes dans un film d'amour. Un drame où l'amour doit être caché, à cause des autres, de la violence et du mépris. Ce qui explique peut-être le peu de mots. M'enfin.

Espérons seulement qu'on verra les fabuleuses qualités de Souvenirs de Brokeback Mountain avant sa polémique, parce qu'il ne faut vraiment pas manquer ce film.

Vu en version originale anglaise. 
 
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Re: French reviews
« Reply #35 on: Jan 27, 2006, 12:53 AM »
This one is from France 2

  Critiques 
 
 
Le secret de Brokeback Mountain 
 


Jack et Ennis au coeur de Brokeback Mountain 
De Ang Lee (Etats Unis) avec Jack Gyllenhaal, Heath Leger, Linda Cardellini, Anna Faris - Durée: 2h14


Le Secret de Brokeback Mountain, dernier film de Ang Lee qui s'est fait connaître du grand public avec Tigre et dragon (quatre oscars en 2000) arrive dans les salles françaises auréolé de son Lion d'or à la Mostra de Venise et de ses quatre prix aux Golden Globe (récompenses de la presse étrangère à Hollywood) dont celui du meilleur film dramatique

L'histoire débute durant l'été 1963, dans le Wyoming. Deux jeunes cow boys, Jack et Ennis, font connaissance cette année là. Tous deux, à la recherche de travail, sont engagés pour garder un troupeau de moutons à Brokeback Mountain, une région totalement sauvage.

Des rapports de camaderie se nouent entre Ennis, le taciturne, et Jack, plus expansif. Peu à peu cette complicité se transforme en une attirance aussi irrésistible qu'inattendue. L'amour s'installe entre eux.

Mais la saison de la transhumance s'achève. Redescendus dans la vallée, Jack et Ennis doivent se séparer et poursuivre leur vie comme si rien n'était arrivé.

Ennis rentre chez lui, épouse sa fiancée Alma et continue sa vie de cowboy. De son côté, Jack fait la connaissance, lors d'un rodéo, de Lureen, une riche héritère et finit par l'épouser.

Quelques années plus tard, lorsqu'ils se retrouvent, ils doivent admettre que le temps n'a pas éteint leur amour bien au contraire.

Alors que Jack est prêt à affronter la société et la morale en clamant son amour pour un autre homme, Ennis refuse de l'assumer et lui impose un deal: ils se retrouveront chaque année pour une expédition de quelques jours dans les montagnes de Brokeback.Durant une vingtaine d'années, les deux hommes vont se retrouver régulièrement tout en continuant à vivre comme si de rien n'était.

En fait, la femme d'Ennis a compris ce qui se passait et finit par demander le divorce, alors que Jack va mener de plus en plus une vie en marge...

Le Secret de Brokeback Mountain que beaucoup de commentateurs présentent comme le premier "western gay" n'a rien d'un western, il s'agit tout simplement d'un beau mélo (adapté du roman éponyme d'Annie Proulx) qui se déroule dans les grands espaces du Wyoming: une histoire d'amour interdite mais passionnée entre deux hommes.

Ang Lee réalise en fait un film sur la frustration, sur les sentiment refoulés: Ennis et Jack passent leur existence à vivre comme tout le monde (ils se marient, ont des enfants, vaquent à leurs occupations), mais en même temps, ils doivent supporter  l'insupportable, à savoir l'absence de l'autre, et accepter de laisser libre cours à leur passion une fois de temps en temps.

La force du film d'Ang Lee et peut-être ses limites c'est qu'il  demeure très ascétique, hormis la découverte de leur amour et les retrouvailles, tout est en non dit aucune flamboyance, aucune sentimentalité.

Jack Gyllenhaal (Jarhead, la fin de l'innocence), le plus fragile et celui qui serait prêt à vivre au grand jour leur amour, et Heath Leger (Les frères Grimm), le plus rétif et qui semble s'accommoder de cette façon de vivre, incarnent ces deus héros avec grand talent et apportent beaucoup au film.
 
 
 
 
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Re: French reviews
« Reply #36 on: Jan 27, 2006, 12:59 AM »
Just found that one from an internaut interesting:

(10/10) Le culte du souvenir heureux
 

 
Ils venaient d’avoir 19 ans, ils étaient beaux comme des enfants, forts comme des hommes… Lorsqu’Ennis Del Mar rencontre Jack Twist et que la solitude de la montagne leur permet de laisser libre cours à leurs pulsions amoureuses, il naît pour eux un idéal de l’amour interdit, protégé par l’œil indulgent et complice de la nature. Ils le cultiveront des années durant, s’accrochant à lui pour lutter jour après jour contre une vie mensongère, habitée par un alcoolisme plus ou moins modéré, de frustrations et de haine contre eux-mêmes ou ces principes d’hétérosexualité bibliques qui les enchaînent dans une situation qui les étouffe peu à peu. Par cet amour qui s’impose à eux s’affrontera le gay moderne qui tente de s’affranchir des contraintes et d’exprimer sa sexualité et celui du passé qui se réprime aux limites du supportable. « Cela ne regarde que nous… Ce pourrait être ainsi pour toujours. » dira Jack. Ce à quoi répondra Ennis : « Si cette chose s’empare de nous où il faut pas, quand il faut pas… On est morts. » Ennis aura très bien compris les règles du jeu. Mais la question demeure : aurait-ce été mieux que cette lente agonie qui enfermera Ennis en lui-même, dans sa crainte et sa honte, et Jack dans une longue et décevante attente qui finira par le lasser?
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Re: French reviews
« Reply #37 on: Jan 27, 2006, 01:01 AM »
From critikat.com, interesting!

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   DE LA HONTE D’AIMER
Le Secret de Brokeback Mountain
Réalisé par Ang Lee
Deux hommes attendent ensemble un emploi, l’obtiennent tous deux et vont logiquement vivre une expérience digne d’être racontée : leur grande histoire d’amour. Seulement, l’Amérique des années 1960 n’est pas précisément un havre de tolérance, et ne produit que peu d’esprits libres et libérés. Jack et Ennis vont donc s’aimer de façon interdite, honteuse et s’interdire tous deux une relation qui ne pouvait être qu’un moment d’égarement. Le secret n’est cependant pas l’oubli et empêchera les deux égarés d’atteindre une sensation, si petite soit-elle, de bonheur. Loin du rythme effréné de Garçon d’honneur ou de Tigre et Dragon, Ang Lee signe un beau mélo, parfois emprunté de pesanteur esthétique, mais fort d’une émotion certaine.


Un travail saisonnier en poche, Ennis et Jack montent tous deux vers le ciel, sur les cimes de Brokeback Mountain, pour vivre un amour aussi inattendu (pour eux) que passionnel. Le symbole, un peu usé, est pourtant fort : la hauteur, celle de l’altitude comme celle des sentiments, s’allie naturellement avec l’Eden que constitue la cadre montagneux. Le ciel est bleu, comme les yeux d’Ennis et la chemise de Jack, les rivières paisibles contribuent également à faire de ce paradis terrestre un décor parfait pour le retour des deux hommes à leur nature. L’un est taiseux, l’autre démonstratif. L’un accepte son désir, l’autre le refoule, le porte comme un fardeau, sans pouvoir néanmoins l’éradiquer. Vivre cet amour reviendrait alors à se retirer dans ce lieu, à vivre en dehors de la sphère sociale. Déjà leur amour est perturbé par la violence de cette même nature végétale disproportionnée, qui les a accueillis et enfermés : un ours attaque l’un, la neige glace l’autre. La nature humaine, voilà un ennemi encore plus radical : dès qu’ils repartent dans le monde dit civilisé, le désir devient annexe face à l’obligation de remplir un contrat social, celui du mariage, des enfants, du renoncement dans le repentir.

Il y a dans cette histoire un pesant mélange d’amour et de honte : si Jack ne craint pas le regard d’autrui sur son homosexualité et tente de suivre son désir jusqu’à l’acceptation de celui-ci, Ennis ne peut imaginer d’en faire un mode de vie. La saison des pâturages terminée, il partira, laissant Jack reprendre le volant, et se laissant lui-même derrière, définitivement, comme en retrait. Le secret de Brokeback Mountain, plus qu’une histoire d’amour, est l’histoire d’un ratage, d’une impossibilité psychologique. Si le désir existe, il n’est pas montrable pour Ennis. Il l’est pour Ang Lee, et d’une façon fort émouvante : les scènes d’amour physique entre les deux hommes sont filmées avec une rare sensualité. Souvent tournées en gros plan, elles transforment la violence parfois existante entre les deux hommes en grâce, à peine touchée par la lumière, mettant en relief chaque mouvement. La caméra, dans ces instants, frôle les visages, caresse les personnages, parviennent à transmettre une force qui n’a rien d’empruntée.

Cette même caméra s’attarde pourtant de temps à autre à la facilité esthétique : les longs panoramas sur la montagne enneigée, ensoleillée, verte ou regorgeant de moutons venus trouver un bonheur annuel, deviennent vite redondants, trop appuyés, trop lisses. Ang Lee excelle dans la peinture, visuelle et psychologique, des personnages, mais alourdit, en s’attardant sur les couchers de soleil et le caractère grandiose du paysage, son propos intime. On préfère les scènes de bar, de foules et de famille, où l’image, ni immobile, ni trépidante, reflète l’âme tremblante de ces héros. Ces derniers sont par ailleurs incarnés par deux acteurs formidables. Gardant toujours une sobriété, une élégance certaine, Heath Ledger et Jake Gyllenhaal ne versent jamais dans la caricature du « poor lonesome cowboy ». Ils ont le talent de se fondre dans le décor (parfois envahissant), d’attraper par une expression la lumière, de rendre le propos, qui frôle parfois l’histoire à l’eau de rose, juste et sincère. C’est sans doute la plus grande force de ce film qui réussit à narrer un échec sans complaisance ni misérabilisme.

Ariane Beauvillard
 
 
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Re: French reviews
« Reply #38 on: Jan 27, 2006, 01:07 AM »
Not the best review, just to compare, from cinema.krinein.com

Titre original : Brokeback Mountain
Réalisation : Ang Lee
Production : Alberta Filmworks Inc., Focus Features, Good Machine, Paramount Pictures, River Road Entertainment, This Is That Productions
Scénario : Larry McMurtry, adapté de la nouvelle de E. Annie Proulx
Acteurs : Heath Ledger, Jake Gyllenhaal, Randy Quaid, Anne Hathaway, Michelle Williams...
Distribution : Focus Features
Durée : 2h14
Date de sortie : 18 janvier 2006

Secret de Brokeback Mountain (Le)
 6
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9 (52 votes)> Lire les commentaires des internautesA l'été 1963 dans l'Etat du Wyoming, deux jeunes cow-boys, Jack Twist (Jake Gyllenhaal) et Ennis Del Mar (Heath Ledger), sont engagés pour garder ensemble un troupeau de moutons à Brokeback Mountain. Seuls au milieu d'une nature sauvage, leur complicité se transforme lentement en une attirance inattendue...


Ang Lee est imprévisible. Difficile en effet de pressentir qu'après les « blockbuster » Hulk et Tigre et Dragon, il allait s'attaquer au tournage du premier western gay, passé précédemment dans les mains de Gus Van Sant et Joel Schumacher. Un thème à la mode donc, des acteurs montants et une superbe réalisation pour un film qui fera date. D'une part par la polémique qu'il déclenche dans le monde, comme par exemple dans certains états américains où il est interdit de diffusion. D'autre part par la rafle de prix qu'il a obtenu à Venise (Lion d'or) et aux Golden Globes (meilleur film dramatique, meilleur scénario, meilleur réalisateur et meilleure chanson).


Le Secret de Brokeback Mountain est la rencontre de deux hommes qui vont transformer une amitié en amour. L'homosexualité qui se révèle à eux est loin d'être évidente. Totalement perdus, il n'arrivent pas à assumer leurs infidélités et leurs mensonges. Avec intimité et lenteur (les dernières vingt minutes étant carrément interminables), le réalisateur taïwanais filme les deux amants perturbés par leurs doutes. L'un est prêt à assumer l'homosexualité et ses conséquences : le regard et le rejet des autres mais aussi l'optique d'un engagement débridé. L'autre a le désir d'assurer une présence pour ses enfants et n'ose pas affronter les dangers extérieurs d'une adhésion totale à ses sentiments.


En tête d'affiche, le couple Heath Ledger (10 Bonnes Raisons de te Larguer, Les frères Grimm) et Jake Gyllenhaal (Donnie Darko, Jarhead) fonctionne à merveille. La direction rigoureuse d'Ang Lee se sent à chaque plan. Chaque expression, regard et dialogue semble millimétré, donnant un résultat presque aussi parfait que dans The Ice Storm. Pour les seconds rôles, Michelle Williams (Dawson) est déchirante en femme trompée et Anne Hathaway (Princesse Malgré Elle) absolument charmante malgré des perruques du plus mauvais effet. Le tableau original que dresse sur une vingtaine d'années le réalisateur manque parfois de cohérence. On déplore ainsi l'absence de marquage du vieillissement des deux héros et le manque de descriptions de la vie conjugale du personnage de Jack Twist.


Ang Lee montre brillamment le désespoir et la désorientation de deux hommes gays dans les années 1960. Néanmoins, le film est long et l'émotion varie en fonction des orientations spirituelles de chacun.


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« Reply #39 on: Jan 27, 2006, 01:11 AM »
From telerama.fr, another good one
 
Le Secret de Brokeback Mountain
 
Une grande et belle romance à l'ancienne… entre deux cow-boys. Ang Lee a osé, il a bien fait.

 
 Non seulement les histoires d'amour finissent mal, mais désormais, elles donnent du fil à retordre aux cinéastes. Il faut voir le traitement que Hollywood inflige à ses love stories : des comédies romantiques « énormes » (et souvent drôles d'ailleurs), à la sauce trash, pour mettre à distance la romance et éviter d'ennuyer les foules avec les sentiments, ces vieilles choses. Depuis Sur la route de Madison (1995), de Clint Eastwood, un seul film a soufflé avec succès sur les braises du mélo d'amour immémorial. Il venait d'Extrême-Orient : In the mood for love. Cet exploit signé Wong Kar-wai était d'abord une affaire de style : forme déconstruite, tournoiement de signes fétichisés.

Le Secret de Brokeback Mountain, hollywoodien mais réalisé par un autre Asiatique mondialement connu, Ang Lee (Tigre et Dragon, Hulk), est au contraire d'un classicisme total. Pourtant, il parvient à une prouesse analogue : redonner toute sa vigueur au film d'amour. Cette réussite tient d'abord à un récit, grande spécialité américaine. La nouvelle d'Annie Proulx (Brokeback Mountain tout court) publiée pour la première fois dans le New Yorker en 1999, aujourd'hui rééditée en France (chez Grasset), est fulgurante. En moins d'une centaine de pages, toute l'ivresse et le malheur d'une passion mutuelle et impossible entre deux gardiens de bétail du Wyoming, de 1963 au début des années 80. L'idée d'en faire un film vint très vite, le projet resta longtemps entre les mains de Gus Van Sant et effraya plus d'un acteur (dont Brad Pitt et Leonardo DiCaprio). C'est à croire que tout a changé en quelques années : aujourd'hui, Brokeback Mountain est, outre-Atlantique, le film le plus prisé par la critique et les gens de cinéma. Il a aussi obtenu le Lion d'or au dernier festival de Venise.

Quand Jack le brun et Ennis le blond sont engagés pour garder ensemble un troupeau de moutons, pendant la saison de transhumance, ils ont 20 ans, ne se connaissent pas. On apprend au détour de leurs conversations rudimentaires qu'ils viennent tous les deux de familles modestes, évidemment rurales, et qu'Ennis, de loin le plus fruste, a perdu ses parents encore môme. La première partie du film dévide les semaines passées à deux en pleine nature, selon le protocole voulu par le propriétaire du troupeau : l'un dort en altitude, près des moutons, l'autre, un peu plus bas, au camp… Ils partagent des boîtes de haricots le soir auprès du feu. Amicalement. Jusqu'à la nuit où, moitié à cause du froid et du whisky, moitié parce que Jack le veut, ils couchent ensemble.

L'homosexualité entre cow-boys, oui, mais le film ne se veut pas pour autant une « relecture » du western antique, à la lumière d'une (relative) décontraction des mœurs contemporaines. Les années 60, où s'inscrit Brokeback Mountain, sont d'ailleurs marquées par le déclin de l'Ouest mythique et celui du western. Au fond, Ang Lee n'emprunte à ce genre que ses paysages et ses costumes, pas du tout ses structures narratives ni son esprit – aucun éloge du labeur des cow-boys, montré ici sous un jour fastidieux au possible. Brokeback Mountain est avant tout un intense mélodrame, une histoire d'empêchement. Quand les deux garçons terminent leur job saisonnier, finie aussi la lune de miel. L'Amérique profonde, archaïque (celle-là même qui perdure toujours), rappelle à l'ordre les amants. Ennis en a intégré tous les interdits, Jack en subira les conséquences.

Ce sont donc des acteurs peu connus (pour plus de détails, se reporter au numéro précédent) qui « osent » jouer les pédés dans ce film qui restera une première dans l'histoire de Hollywood. On peut préférer la fine sobriété de Jake Gyllenhaal (Jack) à la composition très payante de Heath Ledger, avec accent péquenot à tailler au couteau. Mais tous deux réussissent le plus difficile : exprimer de l'intérieur le passage des années et les regrets creusés, alors que leur maquillage de vieillissement se fait un peu trop voyant. Et s'il manque parfois, à la réalisation, le génie spécial d'un… Wong Kar-wai pour dire le lent et vain écoulement de l'énergie vitale loin de l'être aimé, deux personnages bouleversants s'incarnent bel et bien. Jack qui dit oui à tout en restant fixé sur un seul objet d'amour ; Ennis qui, au fil du temps, dit non à tous (sa femme, son amant, sa maîtresse, sa fille), incapable de vivre ni selon son cœur ni autrement.

Le film – comme la nouvelle – séduit aussi par sa manière, très inactuelle, de prôner une sorte de religion du souvenir. On voit à plusieurs reprises les deux cow-boys s'évader en pleine nature lors de leurs rares moments partagés, une fois qu'ils sont englués dans leurs destins respectifs. On peut d'abord penser qu'il s'agit d'échapper aux regards d'autrui, à la norme sociale, etc. Mais, peu à peu, il apparaît que leurs escapades sont autant de pèlerinages. Sans jamais oser retourner à Brokeback Mountain, ils reconstituent tacitement, invariablement, les conditions de leur première fois. Comme s'il n'y avait qu'un seul instant d'éternité dans toute une vie et, ensuite, des décennies vouées, en solitaire ou à deux, au culte de cet instant.

 
Louis Guichard



 
(Brokeback Mountain). Américain (2h14). Réalisation : Ang Lee. Scénario : Larry McMurtry & Diana Ossana. Avec : Heath Ledger (Ennis), Jake Gyllenhaal (Jack), Michelle Williams (Alma).

 

 
 
 

 
 
 
 
 
« Last Edit: Feb 03, 2008, 10:02 PM by chameau »
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« Reply #40 on: Feb 16, 2006, 01:48 PM »
The March issue of the French gay men's magazine Têtu has some things to say about BBM. Here is the editorial, which I found worth the read. My own translation into English, I take responsibility for errors.

The Magic Mountain, by Thomas Doustaly (editorial in Têtu, March 2006)

« I ain't no queer, » says Ennis. « Me neither. A one-shot thing. It's nobody's business but ours, » Jack replies. Even before the Oscar awards on March 5th for which it has been nominated 8 times, Ang Lee's film Brokeback Mountain has already inaugurated a new era in the way Hollywood brings homosexuality to the screen. But what exactly has changed, thanks to the planet-wide success of the passion that unites two farmhands, Ennis Del Mar and Jack Twist, from their meeting in 1963 to Jack's death twenty years later ? The film's promoters have focused entirely on the idea that the film tells a simple « universal » love story, a story that cannot be reduced to its homosexual dimension. Undoubtedly. But that isn't the whole story. The press has spread the promoters' view widely, with few exceptions. But who can believe that the millions of spectators who acclaim this film have only just now discovered that love is universal, that it defies time and genres ? What if the film's originality were somewhere else ?

What's new in Brokeback Mountain isn't that it's a homosexual love story - Hollywood has already done that a hundred times – it's the almost total absence of identifiable references to what the masses consider as gay codes. For the last thirty years, Hollywood's homosexual was gay, i.e., he was more than just his sex life (often rather limited), he was first and foremost a way of life, a vocabulary, a look, all the things that speak for him, an ensemble of signs that were so many labels. These « standard » gays, like Tom Hanks and Antonio Banderas in Philadelphia (1993) have become successful television series characters in « Queer As Folk » or « Six Feet Under. » And to be frank, they've succeeded in boring everybody, homos and heteros, their presence is so predictable. In taking Annie Proulx's short story, published in 1999, Ang Lee has gone against the trend : since they aren't queers, his heroes are « merely » but completely Americans. An « American » is neither a New Yorker nor a California surf-king. An American is also, and perhaps above all, a country hick from Wyoming, 44th state of the United States, 500,000 inhabitants, a lot of plain and high mountains greater than the United Kingdom including Northern Ireland, and a hundred times less populated. « It's nobody's business but ours, » says Jack. With that, millions of spectators rediscover the pleasure of seeing homosexuals that don't want to be seen, the satisfaction of observing them from afar, behind a pair of binoculars, like their bad-guy employer Joe Aguirre. What do you see from 500 metres, when you can barely make out a face ? Love ? No, you see sex. Sure, Ang Lee is careful to do it as quickly as the two heroes. But the sodomy scene is raw. It says it all : Jack and Ennis's secret is sex, whatever the clever publicity folk might say. Annie Proulx's dry prose says it better than the adaptation, notably when she describes the lovers' reunion after four years of forced separation : « The room stank of semen and smoke and sweat and whiskey, of old carpet and sour hay, saddle-leather, shit and cheap soap. » Ang Lee's talent is to allow the spectators the freedom to imagine the odour of stale tobacco, old carpet, whiskey and cheap soap without bleaching out the sad heroes' secretions. Eternal paradox of melodrama : the love between Jack and Ennis lies in what they miss, what makes them suffer horribly, but which is always there, forever. Sex is what they succeed at getting, what makes them weep for pleasure (« You sent me up to seventh heaven, now make it last, » says Jack to his man), but which they rarely get after the summer they spend together on Brokeback Mountain. Summer ends quickly in Wyoming's mountains : « The first snow came early, on August thirteenth, piling up a foot [...]. »

So, love and sex and tragedy. Keeping it secret wasn't a matter of personal taste for two young men who discover their homosexuality in rural America in the 60's. It was a matter of life or death. To understand that, one has only to read Will Fellows' admirable book (unfortunately not translated into French), Farm Boys – Lives of Gay Men from the Rural Midwest, a book of about thirty interviews of homosexuals whose lives mirror those of Jack and Ennis. Longing, frustration, marriage maybe, children sometimes, but always, inevitably, a secret. Stunning and occasionally drole, these first-person narratives all have in common the fear of being discovered. A permanent, terrible fear, rarely unjustified.

(If you haven't seen the film, don't read what follows.) Why is Jack, at 39, murdered on a road-side with a tire iron ? The reason is simple : like others before him, like Matthew Shepard, tortured to death on October 6 1998 in Laramie, Jack wanted to come out of the closet in a state (Wyoming) where one simply could not do that. Of the two lovers, he's the one who suffers more from the secrecy, who believes he can be free of it because for him, homosexuality isn't a scandal. But in revealing himself, Jack endangers himself, and dies. The assassins don't eliminate him because he reveals that he loves Ennis, but because he plans to live with another man, someone else that he probably loves less. F**k : yes, be open about it : no.

This drama ought to silence all those who wanted to use the film as a weapon against gay visibility. The Gay Pride marches, the specialised homo shopping and gay parties do certainly tend to succumb to the pathetic, but that there are gay country hicks (let's call it what it is in fact) comes as a surprise only to those who still believe in the myth of the consubstantial refinement of homosexuals. Ang Lee isn't encouraging us to stay hidden. He has produced an artist's film in the sense that it tells more about himself than about the Midwest, a film that states the dignity of homosexuals who, despite love and despite pleasure, cannot be free of the shame that has been instilled into them.

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« Reply #41 on: Feb 16, 2006, 03:03 PM »
Merci beaucoup Stephan!
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« Reply #42 on: Feb 17, 2006, 08:34 AM »
Bonjour,
for all the native French speakers, here's the editorial from my previous post, version originale.

(editorial de Têtu, mars 2006)

La Montagne Magique
Thomas Doustaly

«Je suis pas un pédé», dit Ennis. «Moi non plus. C'est parti comme un boulet. Regarde personne que nous», répond Jack. Avant même la cérémonie des oscars, le 5 mars, pour lesquels il est nommé huit fois, le film d'Ang Lee, Le Secret de Brokeback Mountain, a déjà marqué une nouvelle ère dans la représentation de l'homosexualité dans le cinéma hollywoodien. Mais qu'est-ce qui change, exactement, grâce au succès planétaire de l'histoire passionnelle qui unit Ennis del Mar et Jack Twist, deux garçons de ferme, entre leur rencontre en 1963 et la mort de Jack vingt ans plus tard ? La promotion du film a été entièrement construite sur l'idée qu'il s'agit d'une simple histoire d'amour, universelle comme on dit aujourd'hui, sous-entendu non réductible à sa dimension homosexuelle. Incontestable, mais un peu court. La presse a très largement repris ce discours, à de rares exceptions près. Mais qui peut croire que les millions de spectateurs qui ont fait un triomphe au film ignoraient encore le caractère universel de l'amour, au-delà des âges, des genres, des sexes? Et si la grande nouveauté était ailleurs?

Ce qu'il y a de neuf dans Brokeback Mountain, ce n'est pas l'histoire d'amour homosexuelle, Hollywood en a mis en scène des centaines, c'est l'absence presque totale de références repérables par le grand public aux codes gay. Depuis trente ans, l'homo hollywoodien est gay, c'est-à-dire qu'il est plus que sa sexualité (souvent assez réduite par ailleurs), il est avant tout un mode de vie, un vocabulaire, une allure, toutes choses qui parlent pour lui, un ensemble de signes qui sont son étiquette. Ces gays standardisés, ceux qu'incarnaient par exemple Tom Hanks et Antonio Banderas dans Philadelphia, en 1993, sont devenus des personnages de séries télévisées à succès, dans «Queer as Folk» ou dans «Six Feet Under». Et, avouons-le, ils ont fini par fatiguer tout le monde, homos ou hétéros, tant leur présence est prévisible. En adaptant la nouvelle d'Annie Proulx, publiée en 1999, Ang Lee prend le contre-pied : puisqu'ils ne sont pas des pédés, ses héros seront «seulement» mais totalement des Américains. Et un Américain, ce n'est ni un New-Yorkais ni un surfeur californien. Un Américain, c'est aussi, et d'une certaine façon surtout, un plouc du Wyoming, 44e État des États-Unis, 500000 habitants, un territoire de plaines (beaucoup) et de montagnes (hautes) plus vaste que la Grande-Bretagne, Irlande du Nord comprise, mais cent fois moins peuplé. «Regarde personne que nous», dit Jack, et des millions de spectateurs retrouvent le plaisir de voir des homosexuels qui ne veulent pas être vus, la satisfaction de les observer de loin, comme Joe Aguirre, leur méchant patron, à la jumelle. Mais voit-on l'amour à cinq cents mètres, quand on peine à distinguer un visage ? Non, on voit du sexe. Certes, Ang Lee a pris le soin de faire ça aussi vite que ses héros. Mais la scène de sodomie est crue. Elle dit tout: ce qui doit rester secret, entre Jack et Ennis, c'est bien le sexe, quoi qu'en disent les publicitaires malins. La prose sèche d'Annie Proulx en témoigne encore mieux que son adaptation, notamment quand elle décrit les retrouvailles des deux amants après quatre ans de séparation forcée : «La chambre empestait le sperme, la fumée, la sueur et le whisky, la vieille moquette et le foin aigre, le cuir de selle, la merde et le savon bon marché.» Le talent d'Ang Lee, c'est de laisser aux spectateurs la liberté de ne percevoir que l'odeur de tabac froid, de vieille moquette, de whisky et de savon bon marché, sans pour autant javelliser les sécrétions de ses tristes héros. Paradoxe éternel du mélo : l'amour entre Jack et Ennis, c'est ce qu'ils ratent, ce qui les fait horriblement souffrir, mais qui est toujours, éternellement, là. Le sexe, c'est ce qu'ils réussissent, ce qui leur donne un plaisir à pleurer («Tu m'as expédié au septième ciel, fais quelque chose pour que ça continue», dit Jack à son homme), mais qui n'a presque jamais lieu après l'été passé ensemble à Brokeback Mountain. L'été finit vite dans les montagnes du Wyoming : «La première neige tomba tôt, le 13 août, trente centimètres [...].»

Amour et sexe, donc, mais aussi tragédie. Le secret n'était pas une affaire de goût pour des jeunes hommes qui découvraient leur homosexualité dans l'Amérique profonde des années 60. C'était une question de vie ou de mort. Il suffit pour s'en convaincre de lire le livre admirable de Will Fellows, qui n'est malheureusement pas traduit en français, Farm Boys - Lives of Gay Men from thé Rural Midwest («Garçons de ferme - Histoires de gays originaires de la campagne du Middle West»), qui rassemble une trentaine d'entretiens avec des homos dont la vie ressemble beaucoup à celles de Jack et d'Ennis. Des désirs, des frustrations, un mariage peut-être, des enfants parfois, mais toujours, systématiquement, le secret. Bouleversants, parfois très drôles, ces récits à la première personne ont tous en commun la peur d'être découvert. Une peur permanente, terrible, mais rarement injustifiée. (Si vous n'avez pas encore vu le film, ne lisez pas la suite.) Pourquoi Jack finit-il assassiné au bord d'une route, à 39 ans, à coups de démonte-pneu ? Pour une raison simple: comme d'autres avant lui, comme Matthew Shepard, torturé à mort le 6 octobre 1998 à Laramie, Jack a voulu sortir du placard dans un État, le Wyoming, où on ne peut tout simplement pas le faire. Il est celui des deux amants qui souffre le plus du secret, qui croit pouvoir s'en affranchir parce que le scandale de l'homosexualité n'existe pas pour lui. Mais, en se dévoilant, Jack se met en danger, et il meurt. Mais ce n'est pas la révélation de son amour pour Ennis qui conduit ses assassins à l'exterminer, c'est son projet de vivre avec un homme, un autre, qu'il aime probablement moins. Niquer oui, s'afficher non. Ce drame devrait faire taire ceux qui ont voulu se servir du film comme d'une arme contre la visibilité gay. Certes, les gay pride, les commerces homos spécialisés et les festivités gay en tout genre sombrent de plus en plus souvent dans le ridicule, mais la plouquerie gay (puisqu'il faut l'appeler par son nom) n'étonne que ceux qui croient encore au mythe du raffinement consubstantiel des homos. Ang Lee ne nous encourage pas à nous cacher. Il livre un film d'auteur, au sens où son œuvre parle sans doute plus de lui que du Middle West, un film qui veut dire toute la dignité des homos qui ne peuvent pas, malgré l'amour, malgré le plaisir, s'affranchir de la honte qu'on a mise dans leur tête.

Offline stephan

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« Reply #43 on: Feb 17, 2006, 08:36 AM »
And here is the front cover of the magazine in question.



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Re: French reviews
« Reply #44 on: Feb 17, 2006, 08:46 AM »
Thankx Stephan!

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Re: French reviews
« Reply #45 on: Feb 17, 2006, 01:29 PM »
Thankx Stephan!

btw...very nice Cover! ;D

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Re: French reviews
« Reply #46 on: Feb 19, 2006, 02:45 PM »
Here below is the inside article from the March issue of Têtu - in French. Translation in progress.
IMHO, it's mostly gossip.

L'EFFET « BROKEBACK MOUNTAIN » : HOLLYWOOD VOIT ROSE
AVEC HUIT NOMINATIONS AUX OSCARS, UN SUCCÈS PUBLIC MONDIAL ET 51 MILLIONS DE DOLLARS DE RECETTES
AU BOX-OFFICE AMÉRICAIN EN FÉVRIER, LE « WESTERN GAY » D'ANG LEE EST EN TRAIN DE CHANGER LA FACE D'HOLLYWOOD.
CE SUCCÈS ANNONCE-T-IL UNE NOUVELLE ÈRE POUR LES PERSONNAGES HOMOS AU CINÉMA?

Les médias américains ne se posent même plus la question ; il y aura définitivement un avant et un après Brokeback Mountain à Hollywood (en France, le film a déjà fait plus de 500000 entrées [sic] en quinze jours). Les grands studios US ont toujours été réticents à monter des projets ambitieux à partir d'un scénario mettant en scène l'homosexualité. À part Philadelphie (il y a treize ans!), peu de projets de ce type ont bénéficié d'une distribution et d'une campagne de promotion grand public. Jusqu'à aujourd'hui, l'homosexualité à Hollywood était synonyme de cinéma indépendant avec une distribution ne dépassant pas New York, San Francisco, Los Angeles et quelques festivals. Le film d'Ang Lee s'est également installé au cœur du débat politique. George W. Bush, qui aime toujours se présenter comme un cow-boy, n'a pu éviter la question d'un étudiant d'une université du Kansas : «Avez-vous vu Brokeback Mountain ?» John Tully, qui était dans la salle, raconte: «Le président est devenu blême, les étudiants ont beaucoup ri à la question! Bush n'a pu que répondre qu'il avait entendu parler du film et qu'il adorait les histoires qui tournent autour des ranchs.» De nombreux commentateurs politiques américains ont pris en exemple cet événement démontrant que le président reste coupé de la réalité quotidienne américaine (et notamment celle des minorités), alors que son taux de popularité s'effondre. Le magazine People a rappelé également que le film était un hit au Texas, notamment dans le multiplex le plus proche du ranch de la famille Bush...

Au-delà d'Hollywood et du monde politique, le show-biz réagit, pour le moment, avec prudence aux huit nominations de Brokeback Mountain - dont celle d'Heath Ledger (ci-dessus) dans la catégorie «meilleur acteur» - pour les oscars qui auront lieu le 5 mars. La responsable d'un cabinet d'analyse des médias à Los Angeles confie: "Entre nous, je sais que la chaîne ABC, qui va retransmettre les oscars, est inquiète pour le taux d'audience de la cérémonie. Le résultat le plus faible avait été obtenu avec Chicago [six oscars en 2003]. Les dirigeants de la chaîne ont peur de l'effet Brokeback Mountain. Ils ne le diront jamais dans les médias, mais ils n'auraient sûrement pas voté pour Ang Lee. Pour eux, rien ne vaut un bon Titanic. Le film d'Ang Lee est trop subtil." D'autre part, The Hollywood Reporter rapporte que le film a mis des années avant d'être produit. La difficulté principale aura été le casting. De nombreux acteurs étaient plus qu'enthousiastes à l'idée de faire le film, mais leurs agents ont fait pression pour qu'ils refusent. À Hollywood, dans les dîners, tout le monde parle de Brad Pitt, qui rêve d'un oscar depuis des années et qui, au cours d'une mémorable engueulade, aurait dit à son agent : «C'était un des meilleurs scénarios jamais écrits, le film était parfait et, en t'écoutant, avec tes réticences stupides, j'ai peut-être raté un des rôles de ma vie. » Les médias américains expliquent que l'acteur cherche absolument à trouver un rôle de gay dans une autre très belle histoire d'amour. Cette volonté de Brad Pitt est confirmée par de nombreuses sources à Hollywood, et les studios cherchent dans leurs tiroirs tous les projets estampillés gay qui pourraient plaire à l'acteur. Brad Pitt a toutefois émis la condition que le film puisse, comme Brokeback Mountain, plaire à tous les publics. Il est vrai que le long métrage a dépassé toutes les espérances des observateurs de l'industrie du cinéma en touchant un vaste public outre-Atlantique. La campagne menée par l'extrême droite religieuse pour faire interdire le film a été vite oubliée, et il n'y a eu que de très rares incidents (quelques déprogrammations). Ce western atypique est un succès dans les États les plus conservateurs du pays et les médias locaux racontent tous les jours des histoires de famille parlant enfin de l'homosexualité de l'un des leurs après la projection. La force de celui-ci a désarçonné la droite religieuse américaine. Quand une chanteuse montre un bout de sein à la télé, le terrain d'attaque est plus facile. La finesse du film d'Ang Lee touche è l'universel, au-delà même de l'histoire d'amour homosexuelle. La droite s'est retrouvée, cette fois-ci, désarmée. La suite de l'histoire du film s'écrira le soir de la cérémonie des oscars, où le Tout-Hollywood pourra s'afficher plus gay-friendly que jamais sur le fameux tapis rouge de la montée des marches. Nicolas Jan

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Re: French reviews
« Reply #47 on: Feb 19, 2006, 03:22 PM »
very good one Stephan..thankx for posting!!!

Quote
La finesse du film d'Ang Lee touche è l'universel, au-delà même de l'histoire d'amour homosexuelle. La droite s'est retrouvée, cette fois-ci, désarmée. La suite de l'histoire du film s'écrira le soir de la cérémonie des oscars, où le Tout-Hollywood pourra s'afficher plus gay-friendly que jamais sur le fameux tapis rouge de la montée des marches.
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Offline stephan

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Re: French reviews
« Reply #48 on: Feb 21, 2006, 03:55 PM »
Finally, the English translation of my previous post - inside article in Têtu, March issue.

The Brokeback Mountain Effect: Hollywood Sees Pink

With eight Oscar nominations, a world-wide public hit and US box-office receipts of 51 million dollars in February, Ang Lee's « gay Western » is changing the face of Hollywood. Does this success herald a new era for gay characters in the movies?

For the American media, there is no more doubt: there will definitely be a before and after Brokeback Mountain in Hollywood (in France, the film has already seen more than 500 000 entries [sic] in two weeks). Major studios in the US have always hesitated to go ahead with ambitious projects that put homosexuality on the screen. Apart from Philadelphia (13 years ago!), few such projects have succeeded in getting a campaign aimed at the general public. Until now, homosexuality in Hollywood was synonymous with independent cinema and a distribution limited to New York, San Francisco, Los Angeles and a few festivals. Ang Lee's film has also ensconced itself in political debate. George W. Bush, who still loves to present himself as a cowboy, couldn't avoid a Kansas University student's question: « Did you see Brokeback Mountain? » John Tully, who was present, tells us: « The President went pale, the students laughed a lot at the question! Bush could only reply that he had heard about the film and that he loved stories that involved ranches. » A number of American political commentators have latched onto the event to show that the President remains cut off from every-day American reality (of the minorities in particular) even as his popularity spirals downward. People magazine has also reminded us that the film is a hit in Texas, notably in the multiplex closest to the Bush family's ranch...

Outside Hollywood and political circles, the show-biz world's reaction to Brokeback's eight Oscar nominations (including Heath Ledger for « best actor ») has been prudent for the time being – the ceremony is March 5. From a team of media analysts in Los Angeles, one person confides: Just between you and me, « I know that ABC, who'll be transmitting the Oscars, is worried about its audience rating for the ceremony. The weakest score was obtained with Chicago [6 Oscars in 2003]. The network's directors are afraid of a Brokeback Mountain effect. They'll never say so to the media, but they would never have voted for Ang Lee's film. For them, there's no match for a good Titanic. Ang Lee's film is too subtle. » Further, the Hollywood Reporter says that it was years before the film could be produced. The principal difficulty was casting. A number of actors were enthusiastic at the thought of doing the film, but their agents pressured them to refuse. At Hollywood dinner tables, everyone's talking about Brad Pitt who's been dreaming for years of an Oscar and who's said to have said to his agent in a memorable fight: « It was one of the best scenarios ever written, the movie was perfect, and by listening to you and your stupid reticence, I've no doubt missed one of the roles of my life. » American media explain that the actor is looking desperately for a gay rôle in a beautiful love story. Brad Pitt's determination is confirmed by several Hollywood sources, and the studios are searching in their desks for any story marked « gay » that might meet the actor's approval. Brad Pitt has however made one condition: that the film be for the general public, like Brokeback Mountain.
 
The movie has certainly outdistanced all hopes of the movie industry by appealing to a large audience outside the US. The religious right-wing's campaign to have the film banned was quickly forgotten, and there were only a few incidents (a few deprogrammisations). This untypical Western is a hit in the most conservative States of the country and local media are reporting every day stories about people who are at last talking about homosexuality in their own families after seeing the film. Its force has taken the steam out of the American religious right-wing. When a singer shows one of her breasts on television, attack is much easier. The finesse of Ang Lee's movie touches a universal nerve; it's more than just a homosexual love story. The right-wing found itself disarmed. The sequel to this movie will be seen the night of the Oscars, where all of Hollywood can show itself more gay-friendly than ever before on the steps of the famous red carpet. Nicolas Jan.

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Re: French reviews
« Reply #49 on: Feb 23, 2006, 02:14 AM »
Something interesting from AFP, Agence France Presse:

Le mercredi 22 février 2006

Capote, consacré à l'affaire criminelle ayant conduit l'écrivain Truman Capote à rédiger son chef-d'oeuvre, le roman De sang-froid, jette un regard sans complaisance sur la morale dans le journalisme.

Des films graves, consacrés à des sujets de société, dominent les Oscars

Marc Lavine

Agence France-Presse

Los Angeles


Racisme, terrorisme, liberté d'expression, tolérance envers les minorités: à des lieues des films à grand spectacle ou des comédies, ce sont des longs métrages graves, abordant les questions morales et de société, qui dominent la course aux Oscars 2006.

«Il est inhabituel de voir autant de films sérieux dans une seule cuvée des Oscars», remarque Marty Grove, éditorialiste au quotidien spécialisé Hollywood Reporter.

«Il y a quelques années, les films sérieux auraient été l'exception, mais en ce moment, ils sont davantage pris en considération par ceux qui remettent les récompenses, tandis que le public accueille mieux les films graves, qu'il s'agisse de documentaires ou de fiction», affirme-t-il à l'AFP.

Capote, consacré à l'affaire criminelle ayant conduit l'écrivain Truman Capote à rédiger son chef-d'oeuvre, le roman De sang-froid, jette un regard sans complaisance sur la morale dans le journalisme.

Good Night, and Good Luck de George Clooney raconte l'affrontement entre un journaliste de télévision et le sénateur anticommuniste américain Joseph McCarthy dans les années 1950, sur le sujet toujours d'actualité du contre-pouvoir des médias face aux dérives des politiques.

De son côté, le drame Crash de Paul Haggis, qui aborde la cérémonie du 5 mars avec six nominations, narre les avatars de quatre personnes issues de différentes classes sociales de Los Angeles dont les préjugés sont mis à l'épreuve.

Même un maître des films à grand spectacle, Steven Spielberg, concourt cette année aux Oscars avec un film grave, Munich, récit des représailles israéliennes contre les commanditaires de la prise d'otages des jeux Olympiques de 1972 et évocation en filigrane des assassinats ciblés actuels de l'État hébreu.

Quant au grand favori des Oscars avec huit nominations, Brokeback Mountain, il évoque l'histoire douloureuse de deux jeunes hommes qui tombent amoureux l'un de l'autre dans l'Amérique profonde et conservatrice des années 1960 et 1970.

Cette prééminence de sujets graves dépasse la catégorie du meilleur film et du meilleur réalisateur: The Constant Gardener, adapté du roman de John Le Carré, décrit les manoeuvres sans scrupules d'une multinationale pharmaceutique en Afrique noire. Un autre thriller, Syriana, étudie quant à lui les complexes réseaux de l'ombre autour de la manne pétrolière au Moyen-Orient.

«Tous ces films reflètent les inquiétudes des cinéastes face à l'évolution de notre société», assure M. Grove. «Dans le monde de l'après 11 septembre, la moralité des médias, des politiques ou des grandes entreprises est un sujet d'inquiétude, et cela donne du grain à moudre aux metteurs en scène», ajoute-t-il.

La guerre menée depuis trois ans par les États-Unis en Irak, plusieurs scandales financiers et l'incapacité présumée des médias à jouer leur rôle de contre-pouvoir ont joué sur l'état d'esprit des spectateurs, renchérit le professeur Leo Braudy, spécialiste de la culture populaire à l'Université de Californie du Sud.

«J'ai tendance à voir (ce phénomène) comme le côté obscur de James Bond, des films dans lesquels le héros triomphe contre un seul ennemi mégalomane», explique-t-il. «De nos jours, le modèle du James Bond est trop facile. La vie n'est plus aussi simple», constate-t-il, exemple de Syriana à l'appui.

La force des films nommés cette année est toutefois de ne pas avoir oublié d'être distrayants malgré tout, souligne M. Grove: «À une époque comme la nôtre, il est logique de voir des oeuvres consacrées aux inquiétudes, mais les films restent divertissants et c'est vraiment une réussite», fait-il remarquer.






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« Reply #50 on: Feb 23, 2006, 02:41 AM »
You guy's have really got me crying after reading all the articles written in French, it touched home, after all my first language is French. You have done this forum a great honor in posting these articles. Thank You, now I need to blow my nose and wipe my tears off my faces
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« Reply #51 on: Feb 23, 2006, 12:19 PM »
You guy's have really got me crying after reading all the articles written in French, it touched home, after all my first language is French. You have done this forum a great honor in posting these articles. Thank You, now I need to blow my nose and wipe my tears off my faces

1st you're welcome!

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« Reply #52 on: Feb 23, 2006, 03:29 PM »
You guy's have really got me crying after reading all the articles written in French, it touched home, after all my first language is French. You have done this forum a great honor in posting these articles. Thank You, now I need to blow my nose and wipe my tears off my faces

Cher ami, we are a family ! We share !  ;)

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Re: French reviews
« Reply #53 on: Feb 24, 2006, 09:24 PM »
Another intersting article from AFP (Agence France Presse)

Les films indépendants éclipsent ceux des grands studios aux Oscars

Marc Lavine

AFP

Los Angeles


La quasi totalité des films concourant dans les catégories les plus prestigieuses des Oscars 2006 sont des oeuvres à petit budget et soutenues par des producteurs indépendants, les longs métrages des grands studios se retrouvant marginalisés.

«Il est très inhabituel de voir quatre longs métrages indépendants sur les cinq nommés pour le meilleur film, c'était plutôt le contraire dans le passé», a remarqué Marty Grove, éditorialiste au quotidien spécialisé Hollywood Reporter.

«Si (ces films) ne sont pas vraiment réalisés de façon indépendante, ils sont au moins produits par les filiales spécialisées dans les productions indépendantes des grands studios», a-t-il déclaré à l'AFP.

Seule exception cette année, le film Munich de Steven Spielberg, avec un budget de quelque 75 millions de dollars, produit par DreamWorks et distribué par Universal.

Les quatre autres finalistes, Brokeback Mountain, Crash, Good Night, and Good Luck et Capote étaient dotés de budgets modestes, financés par des investisseurs privés.

Brokeback Mountain, qui met en scène deux cow-boys homosexuels et part favori avec huit nominations, n'a coûté que 14 millions de dollars, financés par Sony Independent Pictures et le copropriétaire d'une équipe de baseball du Minnesota.

George Clooney a bouclé le budget de 7,5 millions de dollars de son film sur le maccarthysme Good Night, and Good Luck, avec l'aide du propriétaire d'un club de basket de Dallas et celle de la maison de production de Jeff Skoll, l'un des fondateurs du site d'enchères en ligne eBay.

Le budget du film Crash, nommé lui aussi six fois, ne dépasse par les 6,5 millions de dollars, malgré la présence de Matt Dillon et de Sandra Bullock au générique; Paul Haggis n'avait aucune assurance de voir le film sortir lorsqu'il a commencé à le tourner et c'est un entrepreneur immobilier qui l'a financé.

Capote, avec 7 millions de dollars de budget, est pour sa part co-financé par une société indépendante canadienne. Des films nommés dans d'autres catégories, comme Hustle and Flow, Syriana et Transamerica ont eux aussi été tournés avec peu de moyens.

Les seules grosses productions rescapées aux Oscars sont, outre Munich (cinq nominations), Memoirs of a Geisha, qui a coûté 85 millions de dollars et obtenu six nominations techniques, Walk the Line (29 millions de dollars, cinq sélections), The Constant Gardener (25 millions de dollars, quatre nominations).

Quant à King Kong, le sixième film le plus cher de l'histoire de Hollywood avec 207 millions de dollars, il n'a obtenu que quatre nominations, essentiellement techniques.

«Les organisations qui remettent les récompenses à Hollywood ne portent plus au pinacle les mêmes choses qu'il y a quelques années. Elles ont tendance à honorer des films sérieux, davantage que des oeuvres à grand spectacle», a affirmé M. Grove.

En outre, de nombreux cinéastes et acteurs comme George Clooney, peu satisfaits des rôles qui leur étaient offerts par les grands studios, ont fondé leurs propres maisons de production, s'en servant pour lancer des projets qui leur tenaient à coeur.

Toutefois, lorsqu'il s'agit des recettes en salles, ce sont toujours les grosses machines hollywoodiennes qui règnent: la comédie sans ambition intellectuelle Big Mamma a raflé 62 millions de dollars dans les 10 jours suivant sa sortie en Amérique du Nord, tandis que Brokeback Mountain en est à 67 millions en trois mois d'exploitation.

Crash a obtenu neuf millions de dollars de recettes en salles, tandis que Good Night, and Good Luck en est à 28 millions de dollars, un peu plus que Capote, à 20 millions de dollars.

«Ils ont été bien reçus par la critique (...), mais finalement, ils n'ont pas été vus par beaucoup de spectateurs», remarque le professeur Leo Braudy, spécialiste de la culture populaire à l'Université de Californie du Sud.
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Re: French reviews
« Reply #54 on: Feb 24, 2006, 09:41 PM »
Something  I found on wikipedia.org.
Interesting but, they made a little mistake about the release dates, BBM was released at the same time in USA and Canada.
They provide a lot of information about the locations where the movie was filmed and a nice review of all the awards received.


Synopsis
Adapté d'une nouvelle d'Annie Proulx, prix Pulitzer (¹), le film raconte la passion secrète vécue pendant vingt ans par deux hommes, Ennis del Mar et Jack Twist qui « avaient grandi dans deux misérables petits ranchs aux deux extrémités de l'État [du Wyoming] ». Ces deux cow-boys se rencontrent au printemps 1963, employés par le Farm and Ranch Employment, l'un comme berger, l'autre comme responsable de camp, assignés au même élevage de moutons au nord de Signal, dans un alpage situé sur la Brokeback Mountain, « ils n'avaient pas vingt ans ». Malgré cette première rencontre, suivie par une seconde seulement quatre ans après, ils font leur vie chacun de leur côté, se marient, ont des enfants, et se rencontrent épisodiquement entre le Wyoming et le Texas, avant que Jack Twist ne soit tué dans des circonstances douteuses, laissant Ennis seul avec ses souvenirs.

¹ publiée dans The New Yorker en octobre 1997, puis en français dans le recueil Les Pieds dans la boue, Rivages poche / Bibliothèque étrangère, Payot 2001, puis extraite du recueil par Grasset, 2006, à l'occasion de la sortie du film.


Commentaire et critique
La difficulté d'être gay, que ce soit vis-à-vis de soi-même ou vis-à-vis de la société, est au cœur de ce film qui emprunte au genre western tout en s'en démarquant. « Brokeback est une grande histoire d'amour épique qui représente le rêve d'une complicité totale et honnête avec une autre personne », résume son auteur Ang Lee. Une réplique de la nouvelle d'Annie Proulx a particulièrement marqué le réalisateur ("Tout ce que nous avons, c'est Brokeback Mountain"). « C'est-à-dire un endroit hors du temps, hors du monde, où, en toute innocence, ils se sont aimés, où ils ont cru pouvoir s'aimer. […] C'est ce qui m'intéressait : faire un film sur l'illusion de l'amour. Pas sur le véritable amour. On ne sait pas ce que c'est. ».

Télérama remarque que « s'il manque parfois à la réalisation, le génie spécial d'un… Wong Kar-wai pour dire le lent et vain écoulement de l'énergie vitale loin de l'être aimé, deux personnages bouleversants s'incarnent bel et bien. […] Comme s'il n'y avait qu'un seul instant d'éternité dans toute une vie et, ensuite, des décennies vouées, en solitaire ou à deux, au culte de cet instant. » (Télérama n° 2923, Louis Guichard). Le Monde, quant à lui souligne que « c'est dans cette universalité que l'on trouvera une éventuelle portée sociale et politique à ce qui est d'abord un beau film, grave et déchirant. » (Le Monde, 18 janvier 2006, Thomas Sotinel, « À l'Ouest, un amour impossible »).

Deux principales voix dissonnantes, dans un concert de louanges qui vont de l'Humanité au Figaro. Les Cahiers du cinéma tout en reconnaissant au cinéaste Ang Lee d'être « décidément aussi passionnant qu'inégal », regrettent que le film « bloque toute effusion et condamne au surplace de la belle image, hormis quelques forts passages de montagne et le court éblouissement d'un soir de fête foraine » (n° 608, janvier 2006). La revue française Positif (n° 539, janvier 2006) est encore plus sévère en considérant qu'Ang Lee a tiré de la nouvelle «un film académique et longuet qui collectionne les cartes postales. […] L'ensemble sombre assez vite dans le mélodrame lourdaud où tout est surligné et dans la guimauve ».

Ce film risquait fort d'être contesté lors du 62e festival du film à Venise où il a été présenté pour la première fois dans la grande salle du Lido le jeudi 4 septembre 2005. « Mais c'est un surprenant tonnerre d'applaudissements qui a conclu la projection de ce qu'il faut bien appeler le premier western homosexuel épique et hollywoodien » (Libération, 5/09/2005) et le film a remporté le Lion d'or, après avoir été un des pics d'émotion du festival.

« Spécialisé dans ce registre de la vie gay en milieu hétéro (Garçon d'honneur), l'Américain Ang Lee récidive avec la mise en images grandioses de l'un des plus tenaces fantasmes homo : le western pédé, l'amour entre cow-boys (en l'espèce, on pourrait dire «co-boys»), sur fond de paysages magnifiques, de feux de camp et de baignades nues dans les rivières édéniques du Wyoming. De ce motif, on connaissait déjà la version avant-garde mutique d'Andy Warhol (Lonesome Cow-boys), d'innombrables versions pornos ou même le point de vue lesbien développé par Gus Van Sant dans Even Cow-girls Get the Blues. Mais il manquait la version hollywoodienne et grand public, panoramique et classique, qu'Ang Lee vient de signer avec une belle audace, après le succès mondial de Tigre et Dragon. Le plus réussi dans cette passion déployée sur plus de vingt ans entre deux très beaux cow-boys hétéros et mariés (Heath Ledger et Jake Gyllenhaal : on prend les deux), c'est justement que leur amour ne s'explique pas : il s'impose, et d'abord à eux-mêmes » (Libération).

Drôle de mélange entre les conventions du western canonique, pratiquement toutes respectées, et l'incongruité d'un thème à la fois sentimental et viril, Brokeback Mountain, qui peine peut-être un peu à s'installer dans ses premières séquences, atteint de vrais pics d'émotion dans sa seconde partie, plus âpre et finalement tragique. Ce n'est sans doute pas du John Ford ou du Nicholas Ray, mais c'est un bel hommage au genre western et à ses maîtres, même si ceux-ci, possiblement, s'en seraient étranglés.

« J'étais au Texas avec Larry McMurtry et des amis. L'un d'eux m'a donné le New Yorker en me recommandant d'y lire la nouvelle d'Annie Proulx. Aux deux tiers, j'avais déjà les larmes aux yeux. Je me suis levée le lendemain matin et l'ai relue, parce que je voulais voir si elle me faisait autant d'effet que la veille. Elle m'a touché encore davantage et j'ai demandé à Larry de la lire. Larry a trouvé que c'était la meilleure nouvelle qu'il ait jamais lue dans le New Yorker et nous avons décidé d'écrire à Annie Proulx pour lui faire part de notre souhait d'écrire un scénario à partir de cette histoire. », Diana Ossana, scénariste et productrice du film, Notes de production, « Dossier de presse ».


Succès commercial
Le film a d'ores et déjà rapporté plus de 110 millions de dollars de recettes au box-office (dont 40 % à l'étranger), ce qui en fait le film produit par Focus Features le plus rentable (il n'aurait coûté que 14 millions de dollars, sans les coûts de promotion). En France, au bout de la 5e semaine d'exploitation, il approche le million de spectateurs et reste toujours diffusé dans plus de 230 salles.


Originalité
Outre le fait que le scénario est inspiré d'une nouvelle, la thématique du film est moins originale qu'il n'y paraît. Il semble nécessaire de pondérer l'idée retenue par le public d'un sujet "original" et "atypique", le western ayant été de très nombreuses fois utilisé comme support d'analyse de la condition homosexuelle dans le cinéma indépendant américain, ce depuis le début des années 90. Ce qui, bien entendu, n'enlève rien aux qualités esthétiques du film ou au talent de son réalisateur.


Fiche technique
Titre : Le Secret de Brokeback Mountain (au Canada, Souvenirs de Brokeback Mountain)
Titre original : Brokeback Mountain
Réalisation : Ang Lee
Scénario : Larry McMurtry et Diana Ossana, d'après la nouvelle éponyme d'Annie Proulx
Production : Diana Ossana et James Schamus, Scott Ferguson (co-producteur), Michael Costigan, Tom Cox, Michael Hausman, Larry McMurtry et William Pohlad, Murray Ord et Alberta Film Entertainment sont également crédités.
Société de production : Focus Features (une société indépendante, du groupe Universal Pictures)
Budget : 14 millions de dollars
Musique : Gustavo Santaolalla et Marcelo Zarvos
Photographie : Rodrigo Prieto
Montage : Geraldine Peroni et Dylan Tichenor
Décors : Judy Becker
Pays d'origine : États-Unis
Format : Couleurs - 1,85:1 - DTS / Dolby Digital - 35 mm
Genre : Drame, romance
Durée : 134 minutes
Dates de sortie : 2 septembre 2005 (Mostra de Venise), 9 décembre 2005 (États-Unis), 23 décembre 2005 (Canada), 18 janvier 2006 (France, Suisse romande), 22 février 2006 (Belgique). Voir aussi : sorties de Brokeback Mountain.


Distribution
Heath Ledger : Ennis del Mar
Jake Gyllenhaal : Jack Twist
Randy Quaid : Joe Aguirre
Anne Hathaway : Lureen Newsome
Michelle Williams : Alma del Mar
Valerie Planche : Waitress
Graham Beckel : L.D. Newsome
David Harbour : Randall Malone
Kate Mara : Alma Jr. à l'âge de 19 ans
Roberta Maxwell : la mère de Jack
Peter McRobbie : John Twist
Anna Faris : LaShawn Malone
Linda Cardellini : Cassie Cartwright
Scott Michael Campbell : Monroe
David Trimble : Basque


Autour du film
Le tournage s'est déroulé dans l'Alberta, de mai à août 2004, dans les montagnes Rocheuses autour de Calgary, à Bieseker, Carseland, Cowkey, Crossfield, Fort MacLeod, Irricana, Rockyford et Seebe, au Canada, ainsi qu'à La Mesilla, dans l'État du Nouveau-Mexique, aux États-Unis.
Le film a été censuré lors de sa sortie à Sandy (Utah) au début de 2006 par une chaîne de cinéma de cet État lire un des articles du Salt Lake Tribune. Il a été également censuré en Chine.
Le Monde y a consacré une page entière de son édition du 18 janvier 2006 tandis que Libération y consacrait ledit jour la moitié de sa Une.
Musique originale : voir aussi la bande originale de Brokeback Mountain.
Michelle Williams et Heath Ledger se sont rencontrés sur le tournage, ils ont depuis eu un enfant ensemble.


Récompenses principales
Lion d'or à la Mostra de Venise 2005
Golden Globes du meilleur film dramatique, du meilleur scénario, du meilleur réalisateur et de la meilleure chanson originale. 3 autres nominations aux Golden Globes dont celle pour le meilleur acteur principal.
Le 19 février 2006, il a été le grand vainqueur de la cérémonie des British Film Academy Awards (BAFTA), les récompenses annuelles du cinéma britannique, avec quatre prix au total, dont celui de meilleur film, cérémonie lors de laquelle il a également remporté les Baftas du meilleur réalisateur, meilleur second rôle masculin pour l'acteur Jake Gyllenhaal et celui de la meilleure adaptation cinématographique.
Selon plusieurs sites américains concordants, relayés par Universal Pictures, il serait le film le plus primé au monde en 2005.
Aux Oscars 2006, c'est ce film qui obtient le plus de nominations (8) dans les catégories "meilleur film", meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleur acteur (Heath Ledger), meilleur second rôle féminin (Michelle Williams), meilleur second rôle masculin (Jake Gyllenhaal), meilleure musique et meilleure photographie.
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Re: French reviews
« Reply #55 on: Feb 24, 2006, 09:45 PM »
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Hollywood fait-il son coming-out ?

Tournages - lundi 13 février 2006
Le succès du film "Le Secret de Brokeback mountain" d'Ang Lee, une romance entre deux cow-boys, ouvre, outre-Atlantiquen, la voie aux films homosexuels.
 
 

L'effet Brokeback Mountain ! Le long-métrage dramatique d'Ang Lee, une histoire d'amour entre deux cow-boys, nommé huit fois aux Oscars, a relancé le débat sur les films gays au cinéma. Certains réalisateurs surfent sur la vague du succès du film en faisant de l'homosexualité un sujet incontournable. Le producteur Andrew Lang a acquis les droits d'adaptation du roman de Peter Lefcourt, The Dreyfus Affair: A Love Story. Ce livre sulfureux raconte le scandale provoqué par la liaison amoureuse entre deux joueurs de base ball. Il y avait eu plusieurs tentatives pour adapter ce livre au cinéma mais le projet n'avait jamais abouti à cause de son sujet jugé trop délicat. En parallèle, le réalisateur de Serial noceurs, David Dobkin, et les scénaristes de Sideways, Alexander Payne et James Taylor, adoptent un ton plus léger avec I Now Pronounce You Chuck and Larry, une comédie sur le mariage gay avec Adam Sandler et Kevin James dans les rôles principaux.

Ian Mc Kellen réclame davantage de tolérance à l'égard des homosexuels

Alors, Hollywood a-t-il fait son coming-out ? Rien n'est moins sûr d'après Ian McKellen, l'interprète du personnage de Gandalf dans la trilogie du Seigneur des anneaux , connu pour avoir publiquement affiché son homosexualité. L'acteur a dénoncé l'attitude homophobe qui, selon lui, règne à Hollywood envers les acteurs gays. Lors du discours d'ouverture du Festival de Berlin , il a salué le film Brokeback Mountain et a déclaré qu'Hollywood devrait adopter une attitude plus tolérante en ce qui concerne les préférences sexuelles des acteurs, et prendre exemple sur Broadway.

Marie Surrel 
 
 
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Re: French reviews
« Reply #56 on: Feb 25, 2006, 10:40 AM »
Thankx Chameau.
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If you press me to say why I loved him, I can say no more than because he was he, and I was I.
~ Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592) ~ (Thankx to gimmejack)

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« Reply #57 on: Feb 25, 2006, 11:50 AM »
Found on allocine.fr

Alors, Hollywood a-t-il fait son coming-out ? Rien n'est moins sûr d'après Ian McKellen, l'interprète du personnage de Gandalf dans la trilogie du Seigneur des anneaux , connu pour avoir publiquement affiché son homosexualité. L'acteur a dénoncé l'attitude homophobe qui, selon lui, règne à Hollywood envers les acteurs gays. Lors du discours d'ouverture du Festival de Berlin , il a salué le film Brokeback Mountain et a déclaré qu'Hollywood devrait adopter une attitude plus tolérante en ce qui concerne les préférences sexuelles des acteurs, et prendre exemple sur Broadway.

Thanks for the post, chameau. And 3 cheers for Ian McKellen.

Offline chameau

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Re: French reviews
« Reply #58 on: Feb 26, 2006, 12:11 PM »
Fallait s'attendre... money talks, b*llshit walks!  From AFP

Le dimanche 26 février 2006


L'Alberta courtise les amoureux du "secret de Brokeback Mountain"

Michel COMTE

Agence France-Presse

OTTAWA


L'Alberta, fief conservateur de l'Ouest canadien où a été tourné "Le secret de Brokeback Mountain", mise sur ses spectaculaires paysages de carte postale pour séduire l'industrie cinématographique et les touristes fascinés par cette histoire d'amour entre deux jeunes cow-boys.

C'est le piémont des Rocheuses de cette province que le réalisateur Ang Lee a choisi pour adapter au cinéma le récit de l'Américaine Annie Proulx, dont l'action se passait plus au sud, au Wyoming.

Le succès aux guichets et l'accueil élogieux de la critique pour ce film sélectionné pour huit statuettes lors de la soirée des Oscars du 5 mars a donné des ailes à l'Alberta.






"La notoriété du +Secret de Brokeback Mountain+ nous a mis sur la carte. Nous tentons de nous en servir à toutes les occasions pour présenter l'Alberta comme site de tournage et destination touristique de choix", lance Dan Chugg, chargé de la promotion du cinéma dans la province.

La province n'a pas lésiné sur les moyens, remplissant de publicité de pleines pages des magazines américains spécialisés, comme Variety et Hollywood Reporter, en soulignant à chaque fois que l'Alberta a dépassé avec succès l'Etat américain du Wyoming.

L'office du tourisme de la province a lancé une offensive de charme tous azimuts vers l'Allemagne, le Royaume-Uni, mais aussi l'Australie et la Corée du Sud, misant sur les grands espaces en toile de fond de cette histoire d'amour secrète.

"Les paysages sont si magnifiquement bien filmés que nous devions dire au monde qu'il s'agissait bien de l'Alberta", explique Derek Coke-Kerr de l'office du tourisme.

Cette semaine, l'organisme a payé une douzaine de vrais cow-boys et une vingtaine d'acteurs déguisés en homme viril pour aller faire leurs tours de lassos et distribuer des tracts publicitaires de l'Alberta dans les rues de Manhattan, capitalisant ainsi sur la popularité du film à l'approche de la cérémonie des Oscars.

L'intérêt pour ces campagnes publicitaires a été "énorme", plus de 200 articles ont été publiés aux quatre coins de la planète sur les charmes des montagnes Rocheuses de l'Alberta et les demandes d'informations des producteurs de films ont doublé, se félicite Dan Chugg.

Le film a été tourné en majeure partie dans le piémont des Rocheuses, tout près du parc national de Banff, le plus célèbre du Canada et lieu qualifié de "mythique" par le réalisateur Ang Lee.

Néanmoins, touristes, journalistes et groupes de gays et lesbiennes ont assailli les services touristiques du Wyoming depuis la sortie du film, forçant la province à redoubler d'efforts.

"Des millions et des millions de personnes reviennent pantois du film et se disent +le Wyoming semble formidable+. Il s'agit d'un défi pour nous et nous faisons des pieds et des mains pour dire au monde entier que le véritable décor du +secret de Brokeback Mountain+ est ici, en Alberta", poursuit M. Coke-Derr.

La riche province canadienne, assise sur la deuxième réserve de pétrole de la planète, avait déjà servi de décor pour "Impitoyable" de Clint Eastwood, et Brad Pitt y a récemment terminé le tournage des aventures de Jesse James, le célèbre hors-la-loi de l'Ouest américaine au XIXe siècle.

Ironiquement, l'Alberta est l'une des deux provinces du Canada -qui en compte dix- qui n'ont pas reconnu le mariage homosexuel, légal partout au Canada depuis l'été dernier en vertu d'une loi fédérale.
La dictature c'est ''ferme ta geule'', la démocratie c'est ''cause toujours''
 Jean-Louis Barrault

Offline chameau

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Re: French reviews
« Reply #59 on: Feb 26, 2006, 01:15 PM »
Beaux mecs!
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